Samedi 13 Juillet 2019, il y a les neiges du Kilimandjaro et les brumes du Cotopaxi. Changement radical de décor après la forêt pluviale et la douceur du climat de Mindo. Arrivés en fin de journée à l'entrée du parc du second plus haut volcan d’Équateur, à 45 km au sud de Quito, nous avons dormi sur le parking devant la maison des guadaparques. Ce matin nous prenons la piste qui longe les pentes du monstre actif qui a fait parler de lui en 2015 en générant un panache de cendres sans explosion. Heureusement car la fonte de sa calotte glaciaire serait catastrophique pour toute la région, les lahars pourraient engloutir des dizaines de villes, 300 000 personnes menacées par ce cône de 5897 m d'altitude.
A 4800 m un refuge accueille les grimpeurs qui veulent s'attaquer au sommet. Une piste déglinguée grimpe le long de l'échine du géant et s'arrête 600 m avant la maison en bois. Philéas attaque la montée sans sourciller mais fait sagement demi-tour avant l'arrivée, les énormes trous et bosses nous dissuadent d'aller plus loin.
La brume recouvre tout, le vent souffle fort, en quelques minutes nous sommes congelés et très essoufflés ! On renonce à marcher jusqu'au refuge, on ne voit plus rien. Pourtant il y a un monde fou. Les habitants de Quito viennent prendre l'air, acclimatés à l'altitude et super équipés. Beaucoup de touristes aussi qui se font monter en 4x4 et font le retour à vélo les pieds sur les freins.
On redescend, façon de parler, nous sommes à 4000 m. Une petite lagune se perd dans la végétation typique de ces plaines tropicales d'altitudes, le paramo.
Une jolie balade au gré du vent qui pousse, chasse ou ramène les nuages.
Dans ce paysage fantasmagorique les petits lapins vivent leur vie, les oiseaux pépient, les canards font une pause, les chevaux sauvages font face au vent glacial et résistent grâce à leur crin épais. L'ours à lunette, le loup et le renard se cachent du regard des humains parvenus jusqu'ici.
Dimanche 14 Juillet 2019, pas de feux d'artifice sur le Cotopaxi et c'est tant mieux ! Je n'ai pas beaucoup dormi, guettant le souffle du volcan assoupi. Mais rien n'est venu troubler l'immense silence de la nuit. Philéas se réveille au pied d'une ancienne coulée de lave, cocon caliente, le chauffage s'est remis en route pour contrer l'air glacé qui souffle à l'extérieur. Et ce matin encore la star c'est la brume dense qui efface tout sur son passage.
On attend que le sommet dévoile ses beautés cachées ... en vain. Alors on s'occupe. Demi-tour vers le petit centre d'interprétation qui nous présente une vue dégagée sur l'Avenue des volcans qui jalonnent la traversée de la chaîne équatoriale. Et ils sont nombreux à respirer tout doucement dans les profondeur de leur magma bouillonnant, se moquant bien des milliers de pieds qui leur marchent dessus chaque jour. Les gens d'ici sont habitués à ces menaces, ils vivent avec et les oublient jusqu'à ce que l'un d'entre eux décide d'éternuer, chatouillé de l'intérieur. Chimborazo, Cotopaxi, Cayambe, Antisana, ils flirtent tous avec les 6 000 m, fascinant encore et toujours les amateurs de sensations fortes.
Pour contrer le froid rien de tel qu'un bon déjeuner dominical. Les garçons iront ensuite affronter le vent à vélo tandis que j'essaie de supporter le mal de tête qui me taraude depuis la veille. On hésite un moment à rester ici encore une nuit mais j'ai vraiment trop mal, la pression devient difficile à supporter, on décide sagement de redescendre avant la nuit vers le parking des guadaparques à 12 km de là. Nous n'aurons pas vaincu les brumes du Cotopaxi.
