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Otavalo, au paradis de la siesta

Mardi 16 Juillet 2019, on décide de quitter le Parque de la Carolina après un déjeuner avec nos amis argentins. On aimerait aller plus au Nord, à Otavalo, avant de revenir à Quito le 19 car nous sommes invités à dîner chez un couple, lui Canadien, elle, Equatorienne.

On part en suivant le GPS qui nous fait slalomer dans les embouteillages de cette grande ville. On ne sait pas pourquoi mais brusquement Philéas cale. Encore une histoire de fusible, on a eu la même chose au Cotopaxi. Et juste devant nous, une enseigne Ivéco. On décide d'y passer histoire d'acheter des fusibles de bonne qualité.

Le directeur nous accueille et nous propose un diagnostique informatique pour 40 dollars. On accepte, le garage ne semble pas débordé, ça ira vite. Mais il leur faut un temps infini pour brancher l'ordinateur, ils n'arrivent pas à le connecter, ils chuchotent, le directeur s'éclipse en disant qu'il revient. Et le temps passe. J'en profite pour faire travailler Aloys. Finalement un ouvrier découvre un fil dénudé, il dit que ce doit être ça qui fait sauter le fusible. Réparer un fil ce n'est pas sorcier mais ça leur prend beaucoup de temps, ils passent des coups de fil, mettent deux heures à chercher le moindre outil. Finalement le fil est réparé et un autre ouvrier a réussi à brancher l'ordinateur pour le fameux diagnostique. Il essaie de nous faire croire des tas de choses mais Gaspard veille et leur montre tout de suite qu'il sait parfaitement analyser les données qui s'affichent. RAS, tout va super bien. On remballe et on sort 40 dollars. Mais l'ouvrier nous explique que la facture est de 200 dollars ! On rigole mais pas lui ! Il nous dit que c'est sur ordre du patron. Gaspard demande à le voir, il est parti ... Il exige qu'on lui téléphone, le patron ne veut rien entendre et lui raccroche au nez. On va voir le gardien, c'est lui qui ouvre et ferme la grille. Il est adorable mais ne peut pas nous laisser sortir tant que nous n'avons pas payé la facture exorbitante. On refuse et on lui demande de rappeler le patron qui ne veut pas nous parler malgré nos menaces d'appeler la police, ce que nous faisons. Et voilà deux motards qui débarquent et qui essaient pendant une bonne heure d'avoir le voleur au téléphone, en vain , il ne répond plus. La nuit tombe, nous sommes séquestrés dans ce garage ! Une histoire de fous. Les policiers nous suggèrent de passer la nuit sur place, ils reviendront demain matin si le problème n'est pas réglé. Le gentil gardien nous tient compagnie, il dort sur place.

Finalement, le lendemain matin le directeur arrive et file se planquer. C'est le chef des ouvriers qui vient nous proposer de payer 150 dollars pour partir. On refuse fermement. Après quelques palabres on cède pour deux heures de main d’œuvre. A 9h nous sommes enfin dehors, hors des griffes de cet ignoble individu. Entre temps Gaspard a regardé sur l'application Ioverlander et a vu que ce garage était très mal noté, que le directeur était un sale type prêt à arnaquer tous les étrangers de passage.

Mercredi 17 Juillet 2019, on essaie d'oublier cette histoire désagréable et on file vers la petite ville d'Otavalo réputée pour son marché aux bestiaux qui a lieu le samedi mais aussi pour ses hamacs qui pendent sur la place du marché. On fait un tour au milieu des étalages de "chinoiseries", malheureusement plus grand chose n'est fabriqué sur place sauf les objets en cuir, les hamacs et quelques jolis paniers en laine.

J'avais lu sur un site que dans le pueblo d'à côté une famille fabriquait encore des hamacs de façon traditionnelle. Nous mettons un temps fou à interroger les gens pour essayer de trouver l'endroit exact. A l'écart de la ville, au bout d'un chemin de terre, on tombe sur une joyeuse bande qui nous fait signe d'entrer dans son atelier. Ce n'est pas une fabrique de hamacs mais de bijoux en Tagua; la graine d'un palmier qui devient extrêmement dure en séchant et qu'on appelle ivoire végétal.

Les femmes de la communauté sont fières de nous montrer leurs créations et de nous raconter l'histoire de leur développement initié par une jeune française qui a commencé à leur passer des commandes pour vendre les bijoux dans des boutiques en France et qui a participé à la scolarité des enfants du village et à l'achat de leurs uniformes.

Elles enfilent les perles dans une bonne humeur contagieuse ! Certaines portent le costume traditionnel, une chemise courte, blanche et brodée sur une jupe fendue laissant entrapercevoir un jupon blanc. Et lorsqu'elles sortent elles posent un fichu plié sur leur tête en guise de chapeau.

La visite de Philéas les intimide un peu mais quand Aloys se poste devant l'entrée en réclamant 1 dollar elles hurlent de rire, on ne peut plus les arrêter ! Après un long et joyeux moment passé avec elles on part dans la rue d'à côté; une famille de la communauté fabrique encore des hamacs dans son atelier.

Au fond de la maison les vieilles tisseuses sont en action et le propriétaire est ravi d'avoir de la visite. Fièrement il nous explique qu'il tend chaque fil sur la machine en créant les rayures qu'il veut, un travail long et minutieux qui lui prend de nombreuses heures.

Puis il tisse le hamac.

En principe c'est sa femme qui s'occupe des finitions mais elle n'est pas là. Nous lui commandons un hamac pour Enguerrand, nous reviendrons le chercher demain.

Le soleil se couche sur Cotacachi et le Cerro Imbabura. Il est temps de retourner à Otavalo et de grimper au sommet de la ville pour trouver un petit camping et y diner en compagnie d'Antoine et Marjorie, ils descendent l'Amérique du Sud à la force de leurs mollets, à vélo ! Respect !

Jeudi 18 Juillet 2019, ce matin nous prenons un bon café avec la charmante et incroyable Amei, une Allemande qui voyage seule dans sa Dacia depuis deux ans, elle a 78 ans !!! Respect !

Sur la place d'Otavalo ce n'est pas l'affluence alors on peut piquer un petit roupillon au milieu des ponchos !

Les hamacs sont tentant et nous donnent envie d'avoir un joli jardin pour les suspendre. On s'arrête devant le stand de cette dame qui nous vendrait son stock si on l'écoutait !

Son petit-fils s'y met et Gaspard se souvient des âpres discussions avec les marchands de tapis du Maroc ce qui l'aide à négocier fermement ! Nous avons les hamacs, reste à trouver le jardin !

Comme promis nous retournons à Cotacachi où nous rencontrons la femme du gentil tisseur de hamacs. Elle s'occupe de tresser les accroches tout en nous expliquant que leur production artisanale est vendue uniquement dans la région de Guayaquil, au bord de l'océan. Encore une belle rencontre avec des gens passionnés par leur métier, enthousiastes et joyeux, adorables et accueillants, tellement contents de voir débarquer au fond de leur chemin de terre des étrangers venus de si loin avec leur drôle de voiture maison.

Vendredi 19 Juillet 2019, nous repartons à Quito en laissant Otavalo et l'élégance de ses traditions. Ce soir nous dînons chez Michel, Eugenia et leur fille Sofia. Michel est Canadien, nous l'avions rencontré au parque de la Carolina. Aloys jouait avec Sofia et l'avait invité dans Philéas, nous avions longuement discuté puis Eugenia, la femme Équatorienne de Michel, était venue nous rejoindre en sortant du boulot. Nous nous dépêchons de retourner au parque de la Carolina, Michel doit venir nous chercher vers 18h. A peine le temps d'arriver, nous discutons avec un Mexicain en vadrouille puis avec un couple de Français que nous avions connus au Pérou, la Carolina est "the place to be" à Quito !  A l'heure dite nous retrouvons Michel qui nous emmène dans son joli appartement un peu sur les hauteurs de la ville. Nous sommes reçus de façon adorable par toute la famille. Aloys est trop content de jouer dans une chambre pleine de jouets, certes avec beaucoup de rose, mais il s'en fiche et passe un très bon moment avec Sofia et son petit hamster, Et comme en plus il y a de la pizza au menu c'est la soirée parfaite ! C'est drôle de se retrouver assis autour d'une table qui nous semble immense ! Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas pris de photos de cette invitation adorable. Parfois on se laisse porter par ces instants en oubliant que ce sont des moments éphémères.

Demain est un grand jour, Enguerrand arrive pour trois semaines de vadrouille, Aloys trépigne bien évidement d'impatience à l'idée de revoir son grand-frère, la journée risque d'être longue avant l’atterrissage prévu à 18h.