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Des gringos à Jerico

Mercredi 28 Août 2019, on l'avait pressenti qu'elle serait longue la route jusqu'aux pentes caféières. 150 km en 8 heures ! Des travaux sur tout le parcours. C'est la route qui rejoint Medellin plus au nord. Ils l'élargissent ce qui est une bonne chose mais en attendant il faut subir l'énorme chantier. Les Colombiens sont très patients, pas un coup de klaxon malgré les loooongues attentes en circulation alternée, personne ne râle. On essaie de faire pareil mais c'est dur ! C'est dans la nuit noire que nous grimpons l'étroite route en lacets pour accéder au village de Jerico, elle nous semble interminable surtout sans la vue. Et ce matin, petite déception, le ciel est gris.

Jerico est à une altitude idéale, 1900 m. Ses 12000 habitants semblent y vivre très paisiblement loin du tourisme. Nous ne croisons pas un seul bus de gringos. Y faire ses courses à cheval ne semble poser de problème à personne. Authentique Colombie.

On descend de notre promontoire pour aller nous perdre dans ses ruelles colorées.

Le ton est donné.

Tout en déclinaison de couleurs certes mais aussi de pentes !

Et on débouche sur la plaza à l'heure du petit café du matin. Ici pas d'expresso, il est fait à l'ancienne avec un bon vieux filtre papier et on le boit dans des tasses au look joliment suranné. On prend le temps.

Pas un seul gringos à l'horizon alors notre présence ne passe pas inaperçue. Sourires, gestes amicaux, curiosité mais on nous laisse parcourir le pueblo en paix, personne n'essayant de nous vendre quoi que ce soit.

On regarde vivre ces gens loin du tumulte et de l'agitation, les hommes chapeautés, les belles façades anciennes, les chaises en bois peint bien alignées.

On ne résiste pas à l'appel de l'odeur du café fraichement moulu, très doux en goût.

Jolis balcons un peu gâchés par la fée électricité.

On adore les chivas, ces moyens de transport colorés qui sillonnent encore les petites routes du pays, chargés à bloc et qui grimpent partout dans un bruit de moteur assourdissant. Je n'ai pas osé le prendre mais le chauffeur pique un petit roupillon sur une banquette du troisième rang en ronflotant gentiment !

Les hommes portent en bandoulière un sac en cuir à soufflet typique des paysans du pays, le guarniel. Un sac composé à l'origine de 12 poches pour y transporter pipe, tabac, jeu de carte, rasoir, miroir, outils et un révolver le cas échéant ! Il y avait même des poches secrètes pour lettres et photos à planquer ! Ainsi paré le paisa pouvait partir plusieurs jours pour régler ses affaires.

Guarniel et Converse peuvent faire bon ménage !

D'autres optent pour un look plus récup.

C'est vraiment un pueblo bourré de charme.

On se repose dans un petit jardin botanique bien entretenu lorsque des écorces nous tombent sur la tête. Un écureuil grignote juste au-dessus de nous.

Nous aussi on prend notre monture pour faire demi-tour et quitter ce pueblo coup de cœur niché au creux des montagnes comme un trésor bien caché en espérant que les gringos ne le découvrent pas trop vite .

On redescend toute la petite route escarpée au milieu des caféiers qui murissent. De l'autre côté, un autre village au nom prometteur, Jardin. Ça donne envie d'aller voir mais il faut rouler encore. Allez Philéas, au galop !