Surprenant pays qui au milieu d'une végétation dense et tropicale cache une forêt sèche creusée de canyons miniatures écrasés de chaleur. Au sud de Bogota on prend une piste pour rejoindre le petit désert de la Tatacoa. Bringueballée dans la capucine de Philéas j'essaie de dormir malgré les secousses et Enguerrand se charge des photos. Je dois avoir la grippe, fièvre et maux de tête.
On se pose au pied d'un petit canyon tout rouge, c'est surprenant. Il fait chaud mais le ciel est couvert, ce ciel réputé pour être l'un des plus pur. Un petit centre astronomique est installé juste à côté, les garçons en profitent pour y faire un tour à la nuit tombée et observer quelques étoiles et planètes au télescope.
Ce doit être le seul jour de l'année où il n'y a pas de soleil mais l'air est quand même étouffant. Me sentant un tout petit peu mieux je sors juste le temps d'une photo qui nous transporte loin de la Colombie ! N'ayant pas le courage de nous aventurer sous la chaleur écrasante nous préférons aller profiter des trous d'eau qui jaillissent plus loin, les garçons y passeront un bon moment tandis que je reste sous la climatisation.
Heureusement comme dans tous les déserts les nuits sont relativement fraiches. Et ce matin encore le ciel est couvert. Les rapaces se reposent sur les grandes chandelles, les cactus boules fleurissent, une fleur rose fluo qui tranche dans le paysage austère.
On quitte ce petit univers pour retrouver peu à peu la piste plus verte qui suit l'ancienne voie du chemin de fer dont une gare subsiste encore, alanguie sous la chaleur.
On imagine les trains chargés de café et bananes et ce pueblo maintenant endormi vivre au rythme des passagers qui descendaient boire un arabica et grignoter des arepas, un temps révolu même si l'on parle de chinois qui pourraient investir pour faire redémarrer la ligne... des chinois en Colombie ? et pourquoi pas un désert aussi ?
On croise de drôles de choses qui sèchent, on apprendra plus tard que c'est une courge éponge, le luffa. On la trouve sur les marchés, éponge naturelle et très exfoliante. Une fois mûre, la peau de cette grosse courgette se dessèche et se détache facilement, l’intérieur fibreux apparait. Bouilli, il reste blanc et on peut l'acheter entier ou en prendre juste un morceau en fonction des besoins.
Le mini désert de la Tatacoa est maintenant effacé, vite remplacé par la nature exubérante qui représente mieux la Colombie à laquelle nous nous attendions. Cap maintenant sur Bogota à 280 km au nord.