Dimanche 28 Juillet 2019, longue route hier pour rejoindre la région caféière, l'Eje Cafetero. Nous avons atterri de nuit dans un petit camping après de nombreux virages sur une route étroite. Le patron se jette sur nous et nous propose de participer à sa soirée "japonaise", un chef nippon est en cuisine. Nous n'avons pas spécialement envie de nous évader hors de Colombie ce soir mais la fatigue et l’enthousiasme un peu trop débordant du fils du patron qui gère la partie resto nous font céder. Trois pelés, un tondu et nous pour goûter les sushis, sautés de nouilles et quelques bizarreries aussi japonaises que l'endroit ! Pas fameux ! Aloys s'incruste dans une famille au milieu d'une partie de UNO endiablée, une bande de jeunes grattouillent de mauvais airs à la guitare en essayant de chanter sans beugler ce qui s'aggrave au fur et à mesure de l'avancée de la nuit. 3h du matin, ils finissent par ne plus avoir de voix et partent cuver ailleurs.
Mais les jolis paysages que nous traversons ce matin par de petites routes sinueuses nous font oublier le manque de sommeil.
Filandia
Filandia est un petit pueblo sur la route du café, certainement bien tranquille d'ordinaire mais pas le dimanche. Du monde dans les rues, des Colombiens surtout qui, comme nous, se promènent sans se presser. Les maisons sont peintes et les couleurs se mélangent dans un joyeux camaïeu. On commence à sentir l'ambiance Caraïbes mais nous sommes à presque 2000 m d'altitude.
Les taxis de la région sont les Jeep Willys fabriquées pendant la Seconde Guerre Mondiale et revendues à bas prix après la guerre aux pays en voie de développement. Les producteurs de café et bananes l'adoptent pour sa grande capacité de charge, sa robustesse, sa facilité à se faufiler sur les pentes escarpées et entretiennent le mythique 4x4 avec fierté. Rutilantes, pétillantes, elles sillonnent toujours les routes chargées à bloc de robusta ou de touristes.
Une grosse faim nous pousse dans un resto où chacun se presse pour avoir une table. L'adresse doit être bonne. Elle l'est ! On se régale de plats locaux revisités, arepas de maïs, (galettes souvent fourrées au fromage), délicieuses empanadas (chaussons), croquettes de Yuca, des choses simples mais aux accompagnements frais et parfumés, le tout arrosé de jus de fruit pressés savoureux ou de limonade, naturelle, hierba buena (menthe) ou coco, les Colombiens en raffolent. Helena Adentro à Filandia, vraiment sympa.
Dans les rues colorées on prend le temps ... quel luxe ... on ne s'en lasse pas, on savoure.
Très touristique Filandia fait le bonheur des vendeurs de souvenirs parmi lesquels se glissent des jeux en bois, casse-têtes et autres. Les garçons plongent, chacun dans sa résolution de problème ! On repart sans rien, la fabrication n'est pas de très bonne qualité et la patience n'est pas le fort de la famille !
Vallée de Cocora
En fin d'après-midi nous partons non loin de là vers la vallée de Cocora. Nous croisons des dizaines de voitures en sens inverse, tant mieux, nous serons tranquilles ce soir pour savourer les magnifiques paysages. Nous nous garons le long du chemin qui mène au début d'une randonnée que nous ferons demain et à la nuit tombée nous sommes seuls, promesse d'une bonne nuit réparatrice.
Lundi 29 Juillet 2019, qu'elle est belle cette vallée hérissée de palmiers de cire, emblèmes du pays, palmiers de la Cordillère Colombienne qui poussent en altitude jusqu'à 60 m de hauteur, longues longues tiges surmontées d'une houppette gracieuse.
Sacs sur le dos on amorce la montée le long des vertes prairies qui rendent les chevaux heureux.
Ici pas de café mais des fincas d'élevage de chevaux ou de vaches.
On ne dirait pas mais le chemin grimpe sans discontinuer sur 5 km. La végétation commence à changer, les palmiers cèdent la place aux eucalyptus puis aux conifères.
Et enfin on atteint le sommet à presque 3000 m d'altitude. Le vent souffle, il fait froid, la pause pique-nique est rapide.
La descente sur l'autre versant a des airs de jungle tropicale. Heureusement qu'il fait beau, par temps de pluie ce doit être un vrai bourbier. La pente est parfois très raide et nous sommes contents d'avoir choisi le bon côté pour commencer la randonnée, d'autres se sont trompés et doivent grimper comme des chèvres pour atteindre le refuge.
Comme nous sommes très motivés nous décidons de faire un petit crochet de 2 km pour aller voir des colibris. Sauf que ça grimpe terriblement et que je peste à chaque pas. Un couple a trouvé le bon filon pour attirer les touristes au milieu de la forêt sur la montagne. Quelques abreuvoirs, un peu d'eau sucrée et le tour est joué. Les pesos sortent des poches et les appareils-photo peuvent crépiter face aux mini stars qui apparaissent et disparaissent en un clin d’œil malicieux. Les adultes ont des regards d'enfants face à ces petits bolides vrombissant des ailes. Allez, oui, ça valait l'effort ! On fait une longue pause avant d'attaquer la descente.
On traverse je ne sais combien de ponts de singe plus ou moins bien entretenus.
Agile et léger, notre petit singe finit par les traverser en courant.
On sort de la jungle et on retrouve les paysages particuliers de cette vallée enchantée. Pause contemplative avant d'attaquer la partie plate au milieu des vaches. Splendide cette boucle d'une quinzaine de km.
Mardi 30 Juillet 2019, mise K.O par le vent des sommets hier je laisse les garçons partir faire un petit tour à cheval, une première pour Engus qui adore l'expérience. Aloys gère sa monture comme un grand, les chevaux sont dociles et connaissent le chemin par cœur.
Salento
La ville la plus proche de la vallée est Salento. Accrochée à flanc de colline elle étale ses couleurs et ses boutiques de souvenirs comme sa petite sœur Filandia mais en plus touristique encore. Le week-end est passé, il n'y a pas trop de monde, on peut profiter du charme de ce pueblo typique de la région du café. Je suis envoutée par toutes ces boiseries peintes, par cette joie de vivre, par la douceur du climat, la gentillesse des habitants. Quand on pense qu'il y a quelques années ce pays était considéré comme l'un des plus dangereux au monde.
Partout des "Juan Valdez", cette icône publicitaire pour le café Colombien, ces hommes de la terre, qui portent le sombrero de Aguadas, cousin de celui d’Équateur, et un poncho sur l'épaule pour essuyer les traces des rayons du soleil ou se couvrir lorsque les nuages arrivent en fin de journée. Fiers cultivateurs qui se battent contre les cours fluctuants.
On en prend plein les yeux, on déguste une truite grillée, on dépose du linge dans une laverie, on cherche une place au vert pour la nuit, la journée est déjà terminée.
Mercredi 31 Juillet 2019, on ne peut pas être dans la zone caféière sans visiter une plantation. Celle-ci est bio. C'est Engus qui prend les photos, je suis terrassée par la fièvre et grelotte dans Philéas. Les garçons apprennent qu'entre chaque plant de café on met un bananier qui est un réservoir d'eau naturel et un parasol bien pratique. Les grains ne sont pas encore mûrs, il faudra attendre qu'ils soient bien rouges pour lancer la récolte, les faire sécher au soleil, les torréfier et les broyer pour en faire du bon café. En Colombie on ne produit que de l'Arabica, doux et parfumé. Une visite en accélérée, on doit poursuivre notre route, Engus repart dans quelques jours à peine de Bogotá.
Il n'y a pas que Grand-Mère qui sait faire du bon café !