Jeudi 2 Mai 2019, c'est un peu tard que nous avons retrouvé Philéas hier soir mais nous sommes d'attaque ce matin pour arpenter les ruelles d'Ollantaytambo, pueblo de la Vallée Sacrée, à mi-chemin entre Cuzco et Machu Picchu, dominé par les ruines d'une importante forteresse ayant servi de refuge à Manco Inca après l'arrivée des Espagnols à Cuzco et lieu d'une des rares défaites des conquistadors. Le village est resté dans son "jus", un village Inca vivant dont les habitants perpétuent les rites et les traditions tout en profitant largement des mannes touristiques.
Les ruines ne se visitent qu'avec le boleto turistico alors nous les regardons d'en bas et nous contentons des ravissantes ruelles pavées et creusées de rigoles dans lesquelles l'eau s'écoule, inconsciente du temps qui passe.
Rien n'a changé. Pierres énormes parfaitement ajustées et portes typiques derrière lesquelles se cachent d’authentiques courettes. On s'attend à voir surgir Manco Inca en personne à chaque coin de rue.
La vie "moderne" côtoie l'ancienne avec moins de bonheur !
On s'abrite du soleil Andin comme on peut ! Le fumet de la brochette péruvienne, un mince morceau de viande et une patate, ne laisse pas les garçons indifférents même à 10h30 du matin ! Bien cuites j'espère qu'ils ne risquent rien ... j'ai survécu à une tourista il y a quelques jours malgré les innombrables précautions que je prend. Il semblerait qu'entre Bolivie et Pérou il soit impossible d'y échapper. A qui le tour ?! Il n'y a qu'Aloys qui ne risque rien : eau en bouteille, frites et escalopes de poulet ratatinées sont les seuls aliments qu'il avale en dehors de Philéas ! Et pour une fois on ne le force pas !
Avant d'aller à Cuzco nous avons envie de découvrir les hauts de la Vallée Sacrée sur la route des Salines de Maras que nous avions vu il y a quelques jours. C'est l'époque où se ramasse le mais. Blanc aux énormes grains très consommés ou violet profond pour confectionner la Chicha Morada, boisson très populaire qui ressemble à un jus de fruit (très bon, on a goûté). La Chicha, au maïs blanc, est la bière des Incas, plus ou moins fermentée, plus ou moins alcoolisée. Elle se boit dans de petites échoppes au bord des routes.
Un peu partout aussi les briques de terre crue sèchent au soleil. A la fin de la saison des pluies chacun s'affaire pour refaire provision et réparer les dégâts infligés par les eaux ruisselantes sur les modestes baraques en adobe. De la terre du jardin, un peu de paille, de l'eau de la rivière et un simple moule pour reconstruire son nid. Pratique et gratuit !
Plus près de Cuzco, Chinchero est un village réputé pour la qualité de ses tissages. Ici aussi les ruelles ont conservé leurs particularités et l'âme de ses premiers bâtisseurs.
Vision d'un autre temps, les femmes filent la laine tout en marchant tranquillement.
Chaque région a son costume typique, ici chapeaux plats, en rouge et noir ...
On raconte que Manco Inca aurait incendié Chinchero en 1536 en fuyant vers la jungle et Vilcabamba pour ne rien laisser aux Espagnols. A l'emplacement du palais construit par l'Inca Tupac Yupanqui les Espagnols ont élevés une église en 1607. A l'intérieur les murs sont couverts de peintures magnifiques de l'école de Cuzco, photos interdites.
Sur la grande place les femmes attendent le touriste en espérant vendre quelques babioles mais sans grande conviction, aujourd'hui l'endroit est quasi désert alors elles papotent tandis qu'un bébé fait sa sieste au milieu des tissus. Cette petite fille a déjà du fil entre les menottes, son avenir est tracé.
Nous quittons cet endroit paisible et poursuivons notre route dans cette vallée magnifique, un Pérou profond et authentique très marqué par un mode de vie et une culture ancestrale, la conservation d'un patrimoine vivant, l'échange entre les différentes communautés qui font perdurer les pratiques agricoles, le tissage, les relations familiales.
La lumière est belle, les champs bien entretenus, Philéas se promène lentement dans ces paysages de cartes postales. On décide de redescendre au bord du rio Urubamba et de dormir à nouveau à Pisac. Cuzco ce sera pour demain.
