Samedi 27 Avril 2019, grosse journée de route hier pour rejoindre Cuzco. Mais une centaine de kilomètres avant nous avons bifurqué vers un joli lac , la laguna Pomacanchi, pour y passer la nuit. Le spectacle au matin est plutôt joli, reflets miroir sur l'eau tranquille. Un habitant d'un pueblo du coin nous a dit qu'une piste suivait le lac, qu'on pouvait en faire le tour, "ningún problema, pasa, pasa". Parfait, on continue tout droit.
Rapidement la piste prend de l'altitude et rétrécit, beaucoup, mais nous ne pouvons pas faire demi-tour. Obligés d'avancer. Problème majeur lorsqu'on voit un bout de la piste qui a dégringolé dans le ravin ... il reste très peu de place pour caser les roues de Philéas. Pour la première fois dans cette aventure nous avons vraiment peur. Mais nous devons passer. Je descends pour guider Gaspard qui colle Philéas au plus près de la montagne et pose les roues au ras du précipice. Heureusement le passage est court sinon je serais morte d'avoir retenu ma respiration. Mais nous sommes passés. Auxence n'en mène pas large, on essaie de le détendre mais nos mains tremblent. Bien après coup Gaspard me dira que c'est dommage de ne pas avoir pris de photos !
Juste après ce passage plus que délicat nous croisons une camionnette de chantier transportant des types dans sa benne. Impossible de se croiser. Elle finit par reculer en fumant son embrayage et trouve un endroit un chouia plus large, en serrant on passe encore. Mais personne ne nous explique que 50 mètres plus loin des gens coupent du bois qu'ils ont entassé un peu sur la piste ... nouvel arrêt sous les yeux médusés des habitants du village d'en-bas qui n'en reviennent pas de voir arriver un camping-car ici ... et on les comprend. Nous aussi on se demande ce qu'on fait là !
Le côté est trop en pente pour laisser passer Philéas. Il faut pousser le tas de bois... Une fois la stupeur passée tout le monde s'y met.
On nous affirme que le reste de la piste est meilleure, juste une ou deux épingles à cheveux dans la pente ... Auxence nous demande d'avancer, hors de question d'essayer de faire un demi-tour et de refaire l'épisode des roues à fleur de ravin ... on continue . Les virages serrés et pentus ne posent finalement pas de problème et le chemin finit par redescendre. Une demi-heure plus tard on retrouve la route principale, on peut souffler. Une pause est nécessaire, mine de rien on a eu chaud, beaucoup de stress.
"Pasa, pasa, no problema"on ne nous la refera pas !
Heureusement la vue était belle ...
Lundi 29 Avril 2019, après l'épisode de la laguna Pomacanchi hier, nous avons traversé Cuzco (que nous visiterons plus tard) en nous arrêtant au passage dans un vrai centre commercial comme on déteste ! Mais on y a trouvé du fromage plutôt bon, du pain, plutôt bon, du yaourt nature, plutôt bon, du vin, plutôt bon ! une bonne base ! Et comme la nuit était déjà tombée on a décidé en sortant d'aller nous réfugier dans le seul camping de la ville, sur les hauteurs, sûr et calme. Après une sympathique matinée passée à discuter avec des voyageurs Français nous partons vers la Vallée Sacrée. Il y a de nombreux petits villages et des traces de la présence Inca un peu partout. Cette vallée au climat doux proche de Cuzco était le grenier à maïs de l'empire.
A Pisac on peut visiter des ruines importantes mais pour cela il faut acheter un billet regroupant la visite de ce site et d'autres dans les environs, la boleta turistica. Venant de payer le train et l'entrée au Machu Picchu nous ne sommes pas encore remis des prix indécents et décidons de renoncer aux autres sites ... Nous arrivons au village un peu tard. Le temps de faire un plein d'essence et d'eau, de trouver une place de parking et il est déjà presque l'heure du coucher du soleil. Nous rencontrons Stéphane et Charlotte sur la place du village, ils étaient avec nous au camping de Cuzco ce matin. On décide d'aller camper ensemble au bord du rio Urubamba non sans mal pour nous, dans la nuit nous nous sommes trompés de route. On finit par y arriver et on savoure une bonne soirée bercés par l'eau sacrée qui coule à flots jusqu'au pied du Machu Picchu.
En ce lundi le temps est moche lorsqu'on se décide à visiter les quelques rues de la petite ville dont le marché "artisanal" est très touristique sur la route du Machu Picchu.
Parmi les innombrables offres de ponchos tous identiques ou presque je craque pour celui-ci, différent, tissé main et pour un bonnet tricoté. Voilà Aloys transformé en petit Péruvien ( mais sans renier son origine de Nouvelle-Calédonie ! ) et jamais sans son épée même si on lui explique qu'ici l'épée de conquistador n'a pas une bonne réputation ...
Après un bon déjeuner dans un restaurant végétarien on se promène un moment dans ce bric à brac coloré. Il est l'heure de la siesta, de s'abandonner dans le moelleux des tissus ! Un peu alanguis nous aussi par les nuages gris on traîne la patte et la journée passe. On retrouve notre bivouac pour une nouvelle soirée au bord du rio.
Mardi 30 Avril 2019, ce soir nous devons être à Ollantaytambo, gare d'entrée vers le Machu Picchu après celle de Cuzco. Mais avant nous faisons un petit crochet par un endroit incroyable, les salines de Maras. Creusées par les Incas pour alimenter Cuzco en sel 3600 terrasses reçoivent l'eau salée d'une source proche et sont encore exploitées par quelques familles. Malgré le temps maussade le spectacle de la palette d'ocres et blanc de ces petits bassins suspendus à 3300 m d'altitude vaut le détour.
A Ollantaytambo nous patientons une bonne heure dans la rue étroite qui mène à la gare. Nous y avons trouvé un terrain privé pour y dormir et y laisser Philéas en sécurité demain. Mais bus, vans privés, taxis, touk touk, piétons se mêlent dans une sacrée pagaille pour récupérer les touristes qui reviennent du Machu Picchu. Impossible d'avancer. C'est d'ailleurs incroyable de voir autant de circulation dans un si petit village qu'il faut traverser entièrement pour accéder à la gare. Une aberration.
Une fois garés dans le calme du jardin de nos hôtes nous pouvons penser à la grande journée qui nous attend demain. On espère être en forme pour apprécier pleinement l'expédition et surtout du beau temps et pas trop de brouillard, marque de fabrique du site.