Lundi 15 Avril 2019, on ne peut pas se lasser, même au bout d'un an, de ces réveils magiques, perdus en pleine nature.
Pris dans cette ambiance sereine on décide de suivre notre instinct et de poursuivre la piste. Quitte à faire demi-tour, tant pis, on tente, elle semble excellente et le temps est sec.
On ne croise absolument personne dans ces paysages de lacs cachés au creux des vallées d'altitude.
Et puis surgit un pueblo. Seuls des éleveurs de lamas peuvent vivre ici à plus de 4000 m d'altitude.
On s'arrête à Tincopalca. Une échoppe est ouverte, bien achalandée en légumes et fruits. On y fait quelques courses tout en discutant avec le propriétaire étonné et un peu intimidé par notre présence et l'imposant Philéas garé devant chez lui. On lui demande où on peut trouver de l'eau, il nous propose tout de suite son robinet. Le temps de faire le plein on lui fait faire une petite visite de Philéas qui le laisse sans voix. Il prend des photos, ravi. Et comme tout bon Péruvien nous demande tout de suite le prix de l'engin !
Le village est assez grand, il y a une école primaire et un collège mais l'ensemble ne respire pas l'opulence, loin de là. La vie doit être rude surtout en hiver. Les gens sont timides, nous jettent des regards curieux mais se cachent dès qu'on les regardent.
Les bergères d'alpagas ou de lamas se promènent avec une fronde qu'elles utilisent habilement pour regrouper le troupeau.
Au loin l'orage gronde, la brume recouvre les sommets mais la piste est toujours bonne, nous grimpons sur l'Altiplano sans problèmes.
On croise peu de vie sur les hauts plateaux et il faut avoir l’œil pour distinguer les viscachas , drôles de petits rongeurs de la famille des chinchillas difficiles à repérer dans les rochers avec lesquels ils se confondent.
On grimpe encore et on tutoie les sommets des volcans enneigés.
Au détour d'un virage le paysage change radicalement, on croit rêver quand la piste devient sable.
Quelques vigognes courageuses se contentent d'une maigre végétation.
Notre but aujourd'hui est d'atteindre les salines et de redescendre en altitude.
Le chemin est encore long et la descente des hauts plateaux assez vertigineuse à flanc de montagne.
Et c'est avec soulagement qu'on atteint les salines juste avant le coucher du soleil. Seuls.
Mardi 16 Avril 2019, joli réveil encore au bord d'une lagune mais il ne faut pas trop trainer car la route sera longue aujourd'hui, nous avons décidé de rejoindre l'océan Pacifique sans passer par la case Arequipa. Auxence y atterrit dans quelques jours, nous allons l'attendre sur une plage, un peu de farniente à la sauce Péruvienne. On a beaucoup entendu dire que la côte est sale, moche, désertique, mais on a envie d'air iodé après ces nombreuses semaines à 4000 m d'altitude en moyenne.
Il faut donc descendre et la piste n'est pas très engageante ce matin. Je n'ose pas m'approcher du vide pour prendre une photo.
Le volcan Misti, qui surplombe Arequipa, a souvent le nez dans le brouillard. Énorme du haut de ses 5820 m, ce stratovolcan est considéré comme très dangereux. Je ne sais pas comment font les gens pour vivre sous son ombre menaçante. On descend encore, perdre de l'altitude me donne mal à la tête. On veut rejoindre la Panaméricaine mais des travaux et aucune signalisation correcte nous font perdre un temps fou et nous obligent à faire de nombreux détours. Après Arequipa c'est le désert, bordé de détritus. Une route sinueuse descend jusqu'à l'océan. Mais il fait nuit, on déteste rouler sans rien voir et on arrive un peu au pif et après une dernière descente sur ce qui semble être une toute petite plage. L'air est chaud et humide, rien à voir avec la sécheresse des montagnes. Le bruit des vagues nous semble assourdissant après le silence des lagunes.
Mercredi 17 Avril 2019, on découvre notre nouvel univers ce matin. Pas si mal. C'est la minuscule plage de Catarindo près de la ville de Mollendo à 120 km d'Arequipa. Aloys est ravi. On va y passer 3 jours, sans rouler, sans bouger, des vacances !
C'est peut-être l'océan Pacifique mais l'eau est froide ! Alors on se contente de la regarder et Aloys creuse, creuse et creuse encore.
Après avoir testé le menu local de la paillote sans grande conviction on se tourne vers le restaurant un peu plus élaboré situé juste à côté. Le beau temps attire les gens d'Arequipa qui viennent nombreux passer une journée les pieds dans l'eau.
Sour ou Maracuja, le Pisco c'est tout un art au Pérou et bien dosé c'est trop bon ! Alcool de raisin, jus de citron et blanc d'oeuf ou au fruit de la passion en version exotique. Avec une assiette de ceviche toute simple ou un mélange de spécialités du coin, poulpe, maïs géant, sauce bien relevée. C'est quand même sympa l'ambiance bord de mer.