Jeudi 4 Avril 2019, Philéas se faufile parmi les innombrables vans qui font office de bus et qui encombrent El Alto. La circulation est infernale. Impossible d'aller à La Paz en camping-car, les rues y sont extrêmement pentues. On a réservé une chambre pour deux nuits et on laisse Philéas sur le parking gardé de l'aéroport.
La Paz, ville spectaculaire car construite tout au fond d'une cuvette à 3600 m d'altitude et entourée de montagnes. Un taxi nous y descend en fin d'après-midi et nous laisse dans le quartier touristique, rue Sagarnaga. On s'installe tous les quatre dans une chambre simple mais calme et, luxe suprême, dotée d'une salle de bain avec douche ET eau chaude à volonté. Magnifique ! On avait oublié à quel point rester de longues minutes sous un jet bien chaud c'est tellement agréable. Exit nos réflexes d'économies pour le bien de la planète ... on craque !
Vendredi 5 Avril 2019, quelques pas suffisent pour nous retrouver plongés dans l'univers particulier du "mercado de las brujas" le marché des sorcières ! Plantes à décoctions, sachets de graines en tout genre, feuilles séchées, les femmes tiennent leurs stands nonchalamment sur les trottoirs de La Paz. De culture Aymara, elles entretiennent des rites ancestraux pleins de croyances et de superstitions.
Parmi les articles pour touristes, des fœtus de lamas séchés ... On le savait et on s'y attendait mais les voir pendouiller sous notre nez c'est quand même moyen. Surtout quand on sait que c'est un porte-bonheur à enterrer sous les fondations des maisons ...
Les ruelles regorgent littéralement de souvenirs, tissus, ponchos, bonnets, le tout dans une débauche de couleurs atténuée par les sobres chapeaux noirs portés par les femmes Aymaras.
En Bolivie elle est partout cette petite feuille de coca vendue en sachets, en boisson, en bonbons, en infusion. On visite un petit musée pour en savoir plus sur cette plante très controversée utilisée depuis des millénaires par les indiens pour lutter contre l'altitude, la faim, la fatigue et dans de nombreux rituels religieux chez les Incas. Les hommes en mâchent à longueur de journée, faisant dans leur joue une grosse boulette au jus noirâtre qui leur pourrit les dents.
Elle sert même à prédire l'avenir discrètement dans un coin de rue par un Yatiri, un sorcier-guérisseur !
Chaque rituel magique réclame ses ingrédients. On trouve des barquettes toutes prêtes avec les bons mélanges pour purifier l'âme, des billets de banque pour réclamer la richesse, des tas de produits pour les offrandes à la Pachamama, la Terre Mère.
Et un peu partout des étalages plus "pharmaceutiques" dont les mélanges nous font frémir mais les appellations bien rire. On ne testera pas ! Un vrai dépaysement en tout cas dans une grande ville qui se veut moderne mais qui conserve ses traditions bien ancrées.
On descend l'aplomb des ruelles encombrées pour longer en contre-bas l'église de San Francisco du XVIII ème, (impossible de prendre des photos de l'intérieur des églises au Pérou).
Puis la belle construction qui abritait le Tambo, l'ancien marché urbain. Un monsieur s'époumone à prêcher en plein soleil.
Place Murillo le Palais Présidentiel n'a rien de clinquant et la Garde semble un peu déconcentrée !
En remontant vers notre hôtel en fin de journée le visage de cette dame me fait craquer autant que ses tissus ! Elle me montre comment utiliser les carrés que portent toutes les boliviennes pour tout trimballer, bébés, foin, patates. Difficile de faire un choix mais je finis par tomber au fin fond de sa petite échoppe sur deux carrés anciens tissés à la main . Et ça me donne subitement des envies de maison, de déco ...
Samedi 6 Avril 2019, aujourd'hui on explore la Calle Jaen dont le style colonial est bien conservé. Trois petits musées nous attirent, regroupés dans une magnifique demeure coloniale parfaitement entretenue. Un consacré à la ville de La Paz à l'époque coloniale et surtout aux costumes de l'époque, un autre sur la guerre du Pacifique et la fameuse perte de l'accès à l'océan par la Bolivie. Puis on passe aux métaux précieux avec une magnifique collection de parures et bijoux Inca en or. Photos interdites.
Sous un porche une jolie rencontre avec cette jeune femme Aymara, née sur l'Isla del Sol au beau milieu du lac Titicaca. Dans sa minuscule boutique elle nous explique comment porter la Chola, le costume traditionnel des boliviennes de l'Altiplano. Une jupe à trois volants, typiquement espagnole, sous laquelle elles portent plusieurs jupons qui rendent l'ensemble très lourd. Un châle sur les épaules. Et un drôle de chapeau melon, le bombin juste posé haut sur la tête. Sans oublier les longues tresses ornées de pompons et le fameux tissu coloré pour tout porter dans leur dos, l'aguayo. Elle est très fière de nous parler de sa culture.
Aloys est plus intéressé par la petite Maya !
En Bolivie on ne plaisante pas avec l'heure de la siesta !
Et il est déjà temps de récupérer nos sacs et de retourner à l'aéroport en prenant le moyen de transport le plus sympa de La Paz, son réseau de lignes de téléphérique qui sillonnent les airs. Génial et pas cher. Rouge, bleu, mauve, vert, chaque couleur dessert un point de la ville.
La promenade au-dessus des toits est spectaculaire et un peu angoissante car les aplombs sont impressionnants et le paysage défile très vite !
A peine le temps d'en profiter et nous voici à la station d'El Alto d'où un taxi nous ramène à l'aéroport pour une dernière soirée à bord de Philéas avec Cyriaque qui s'envole demain matin vers Sydney. Aloys met son ingénieur de frère à contribution !
Dimanche 7 Avril 2019, Aloys me dit dans l'oreille "Maman tu pourras vite me ramener dans Philéas, je ne veux pas pleurer devant tout le monde"... Mais au moment de laisser Cyriaque c'est le déchirement et les grandes eaux ... A 9h son grand-frère s'envole juste au-dessus de nous. On a passé un mois génial mais il faut qu'il retourne à sa nouvelle vie lui qui vient tout juste de boucler cinq années d'études. Hasta luego Cyriaque ! Et dans dix jours c'est au tour d'Auxence de nous rejoindre, de quoi apaiser un peu les larmes d'Aloys.