Mardi 5 Mars 2019, grand ciel bleu à San Pedro, normal pour une oasis dans le désert ! Après la longue route d'hier nous avons besoin de souffler et cette petite ville hyper touristique mais très dépaysante semble idéale pour le farniente.
Dans les ruelles en terre les agences touristiques se succèdent entrecoupées de restaurants, bars, locations de vélo ou tiendas de souvenirs. L'Atacama attire les foules et San Pedro est fait pour elles ! Mais on s'y sent bien et on déambule en ralentissant naturellement l'allure sous le soleil qui tape. Ici tout est en adobe, les briques en terre sont simplement enduites de chaux blanche, une simplicité agréable sur laquelle ressort la moindre touche de couleur.
Dans une trouée apparait un petit marché. Pas de prix affichés, on se demande si la note est à la tête du client ... Il faut faire confiance tout en tendant l'oreille pour essayer de savoir à combien la dame devant a eu son kg de tomates ... Cher Chili ... Mais c'est super de trouver autant de choix de fruits et légumes en plein désert. On fait le plein en espérant ne pas se faire fouiller en repassant en Argentine, ce qui n'est jamais arrivé.
Sur la place du village la belle église de San Pedro date du XVI ème siècle.
Avec Aloys on rebaptise la ville San Pedro de "Ataca lama" car du lama on en trouve pour tous les goûts dans la galerie des souvenirs ! Tout vient de Bolivie ou du Pérou et les prix sont exorbitants.
A San Pedro il y a de l'eau ... salée ! Deux rios coulent de temps en temps alimentés par les neiges du volcan Licancabour ou les orages d'été dans la Cordillère mais avec 35 mm par an l'eau est rare. Des canaux bordent chaque ruelle mais l'eau chargée du sel que contient la terre volcanique ne peut servir aux cultures. Et elle est bourrée d'arsenic à cause de la cendre volcanique qu'elle traverse.
Après deux jours passés à buller nous prenons la route de Calama, ville minière à 1h de San Pedro. Sans aucun intérêt cette ville poussiéreuse où il ne pleut presque jamais nous sert simplement à faire quelques courses et à passer une nuit dans un petit camping en attendant l'arrivée de Cyriaque à l'aéroport. Les heures sont longues, l'avion n'est qu'à 16h30 mais le chien du camping détourne l'attention d'Aloys toute la matinée. Merci Bovi !
A la recherche d'un pneu introuvable on visite la ville et on tombe sur sa seule curiosité ...
Mais Cyriaque est arrivé de Sydney pour un mois via Santiago ! Et nous sommes vraiment trop contents ! On repart vite à San Pedro où nous arrivons de nuit ( à cause du pneu trouvé, monté puis démonté car en fait ce n'était pas du tout le bon, 1 h de perdue !) et il goûte à sa première soirée dans Philéas. Soirée écourtée, il a de longues heures d'avion dans les jambes et un décalage horaire à gérer.
Samedi 9 Mars 2019, malgré l'arrivée de son frère Aloys doit quand même aller à l'école. Séance de conjugaison au programme, il se fait un petit maté pour se donner du courage ! Six mois en Argentine ça finit par laisser des traces.
Comme il traine un peu je le laisse finir avec son père et j'emmène Cyriaque faire un petit tour du pueblo, une jolie entrée en matière pour s'acclimater.
De nombreuses météorites ont été retrouvées dans le désert par un passionné qui en a fait un petit musée. On décide de le visiter.
Les nombreuses explications sont un peu trop techniques pour les enfants mais passionnantes pour les grands.
Une culture en entraine une autre, culinaire cette-fois. On a repéré une petite adresse locale au fond d'une ruelle.
Les portions sont gigantesques et tout le monde se régale !
Dés la sortie du village le salar de Atacama s'étend à perte de vue, formé dans une dépression par la dissolution des sels du sol volcanique par les eaux de la Cordillère qui coulent en souterrain. Chargées de minéraux elles ressurgissent et s'évaporent. Au fil des siècles la couche de minéraux s'épaissit et forme une croûte solide. Sous le salar se cache aussi un lac.
Et à certains endroits apparaissent des trous d'eau douce, les "yeux" du salar, perdus au milieu de nulle part. En plein milieu de l'après-midi les températures grimpent, l'eau fraiche est un vrai bonheur pour les courageux !
Cyriaque, bien réveillé par cette baignade originale, nous fait une démonstration parfaite de boomerang, inspiré par ce désert particulier.
Désert, certes, mais avec quelques lagunes qui percent. Il a sûrement plu en amont il n'y a pas si longtemps ce qui redonne instantanément vie à l'immensité blanche parsemée d'herbes sous le regard protecteur du Licancabour. Un paysage incroyable.
Notre Australien semble bien résister à l'altitude et au jetlag ... heu ... cinq minutes plus tard je n'entend plus un bruit ! Cuit !
Il se réveille pour admirer la Cordillera de la Sal, toujours ces sels minéraux qui blanchissent les roches, un spectacle fascinant pour conclure une journée intense. Sur notre bivouac à San Pedro nous avons la surprise de voir arriver le camping-car d'une famille de Pau avec leurs deux filles. Aloys est tout content de jouer avec des enfants et nous de partager une bouteille avec les parents !
Dimanche 10 Mars 2019, nous avons pris nos quartiers sur une grande place depuis que nous sommes à San Pedro. Les journées et les nuits y sont très calmes. Aloys, fou de joie, s'entraine au tennis grâce au jokari offert par son frère.
Nous espérons que Cyriaque s'est un peu acclimaté à l'altitude car cette après-midi nous allons grimper, haut, très haut et passer la nuit à 4280 m. Nous voulons être présents à l'aube pour voir s'éveiller les geysers del Tatio "le grand-père qui pleure". Un parc de 80 geysers actifs mais pas très hauts. C'est grâce à la différence de température entre l'air et l'eau que se forme les geysers et c'est donc au petit matin qu'ils se mettent en route pour s'arrêter lorsque l'air extérieur se réchauffe, entre 9h et 10h en cette saison.
Nous partons donc munis de notre tisane de pupusa achetée en Argentine et commençons à monter la piste en faisant un premier palier pour un pique-nique avec vue sur l'oasis de San Pedro et le Licancabur .
Les paysages de l'Altiplano déroulent leur stupéfiante beauté dont nous sommes les seuls (humains) à profiter aujourd'hui.
Le spectacle est magique. Un troupeau de vigognes se repait d'herbe tendre sous les fumées soufrées d'un volcan anciennement exploité pour sa matière jaune et nauséabonde.
La piste, un peu pénible, nous conduit sur le parking désert del Tatio. Le souffle court et la tête lourde nous saluons rapidement un petit zorro curieux avant de tirer les rideaux et sombrer. Le réveil est réglé sur 5h.
Geysers El Tatio
Lundi 11 Mars 2019, comme prévu nous sautons tous du lit à 5h, prenons nos tickets d'entrée et pénétrons dans le parc désert en suivant prudemment le chemin d'accès qui nous emmène quelques kilomètres plus loin sur un parking près des plus grands geysers. Il fait nuit noire et un froid de canard ! On ne voit rien ! On attend donc au chaud que le jour se lève un peu avant d'enfiler tout ce qu'on possède et sortir. En grelottant on voit quelques fumées mais rien de dingue non plus ! Entre temps une invasion de mini-bus est arrivée de San Pedro, les gens se pressent, s'agglutinent.
Le soleil se lève, quel bonheur ! On a les pieds et les mains presque congelés ! Les touristes vident peu à peu les lieux et à 9h nous sommes presque seuls ! Mais pourquoi s'est-on levés à l'aube ??? C'est bien plus joli à cette heure-ci ! Sûrement que l'amplitude thermique n'était pas assez importante ce matin.
On profite tranquillement du site, c'est grand, c'est beau, ça fume, ça bouillonne et ça glougloute.
Et la matinée se conclue dans un bain d'eau chaude, déserté.
Après vapeurs et bain chaud il est temps de redescendre dans la vallée ... pour mieux remonter. Nous repartons en direction de l'Argentine. Un autre zorro vient nous dire chao.
Nous refaisons la piste en sens inverse, secoués par la tôle ondulée ... ça faisait longtemps et ça ne nous manquait pas du tout !
On croise la route de Machuca et sa ravissante petite église mais on ne s'y arrête pas, ils sont là les mini-bus !
Un arrêt vite fait pour déjeuner sur notre place à San Pedro puis nous grimpons à nouveau sur l'altiplano. La montée est très très raide, Philéas souffle un peu mais réussi à avaler l'incroyable dénivelé avant de prendre sa vitesse de croisière à 4800 m. Et les paysages toujours aussi sublimes nous coupent le souffle tout autant que l'altitude.
On pourrait faire cent fois la traversée, cent fois ce serait différent. Le regard ne sait où aller, se perd dans l'infiniment grand. La frontière arrive trop vite, le Paso Jama, l'Argentine, on revient sur nos pas, on sera ce soir sur le parking de l'hôtel où nous avions rencontré un jeune couple Belge il y a quelques jours.
Le Chili c'est finit. Un enchantement de la Terre de Feu au désert de l'Atacama. Avec, déjà, l'envie d'y revenir. Et quand même un clap de fin avec un gros mal de tête ... une tisane de pupusa et au lit .