Lundi 29 Janvier 2019, les yeux plein du rose des flamants nous quittons le lac Nihuil pour rejoindre la ville de San Rafael à travers le canyon Atuel. 40 km de piste.
On pique-nique en surplomb d'un lac de barrage. Ils sont nombreux dans cette région désertique. Indispensables aussi pour produire l'énergie des villes. Ils créent des plans d'eau pour les habitants et de drôles de plages.
Plus de 38°, de la poussière partout dans Philéas, du linge à laver, la coupe est pleine ! On décide d'aller dans un camping pour une grosse journée de nettoyage. C'est indispensable pour notre bien-être, enfin le mien surtout !!!
Pendant que nous vidons Philéas et astiquons tout Aloys roucoule et fait le beau, chevalier servant d'une fille de son âge qui vit sur place. Il y a surtout une piscine dans laquelle il passe des heures et nous fiche une paix royale ! La trêve est de courte durée quand il faut le mettre au boulot. C'est la semaine d'évaluations mais il refuse parfois d'en entendre parler. Ambiance.
Mercredi 30 Janvier 2019, la vie au camping ce n'est pas notre truc même si celui-ci était agréable et surtout vide ! Philéas est impeccable, tout est propre, bien rangé, ça sent bon le frais, plus d'odeur de poussière, on peut reprendre ... la piste ! On aimerait aller voir la laguna Diamante dans la Cordillère. Une piste y mène, sinueuse et à presque 4000 m d'altitude. On a quand même un doute sur la faisabilité en camping-car mais on décide d'aller jusqu'à l'entrée du parc national et de demander leur avis aux guadaparques.
Nous n'aurons pas besoin d’aller jusqu'à eux, c'est eux qui nous croisent alors que nous sommes installés pour la nuit au bord de la piste. Ils confirment nos doutes. La piste est trop mauvaise selon eux. Pas grave, des lagunas on en verra d'autres.
On profite quand même de la vue et rien que pour ça nous sommes heureux d'être là.
Jeudi 31 Janvier 2019, pas mal non plus en plein jour.
A peine 80 km plus loin nous entrons dans la Valle de Uco, les vignes remplacent brusquement la pampa épineuse. Rien de magique, juste un énorme système d'irrigation, de canaux qui bordent les terrains, circulent dans les villes, irriguent la terre et les hommes. Les fincas se succèdent, modernes surtout. Le Malbec est mondialement connu et apprécié, la région est prospère donc peuplée.
Petit crochet dans la Cordillère pour trouver un peu de fraicheur avant de nous rapprocher de Mendoza.
Vendredi 1er Février 2019, C'est à une vingtaine de kilomètres de Mendoza que nous avons dormi, dans un club de pêche.On nous a dit de nous méfier des bivouacs "sauvages" dans le coin.
Lujan de Cuyo, comme un air de déjà vu. On plonge avec délice dans les paysages de Provence. Champs d'oliviers, allées de platanes, vignes, église, maison fanée, tout y est !
L'illusion ne dure pas longtemps ! Une culture inconnue chez nous, le champ de pétrole. Ça surprend.
L'arrivée à Mendoza se fait dans un climat houleux. Gaspard veut aller chez Iveco. Pas de problème. Il me dit qu'Iveco est dans Mendoza près d'un parc. Pas de problème, on en profitera pour y pique-niquer. J'aurais dû me méfier, Iveco près d'un parc ... Il est en fait là d'où nous venons, 20 bornes dans les embouteillages, 2h ... On décide d'y aller plus tard.
Les avenues de Mendoza sont toutes identiques. Agréables et très ombragées grâce aux arbres arrosés par les acequias, les canaux d'irrigation qui bordent les rues. Aujourd'hui ils sont à sec , il doit y avoir des heures où l'eau coule. A l'extérieur de la ville, dans les pueblos traversés, les gens s'y baignent, lavent leurs enfants, font leur lessive. Sans ce système la région serait un désert malgré sa situation aux pieds des Andes.
Nous nous garons en face de la Plaza Independencia, en plein centre. Le bon côté des villes en Argentine c'est leurs rues très larges, on y stationne toujours très facilement avec Philéas. Il fait vraiment très chaud, on étouffe. On trouve refuge dans un restaurant du coin avant de faire quelques pas dans le quartier. Mais Gaspard trépigne, l'heure tourne, il faut aller chez Ivéco, une histoire de tuyau à remplacer. Il y a des priorités dans la vie.
Après notre passage ( infructueux ) chez Ivéco nous grimpons vers un lac de retenue. Le temps vire à l'orage. Nous passons la nuit sur un belvédère. Et comme il pleut des trombes nous y restons une journée supplémentaire. La route mène à la frontière Chilienne en suivant le rio Mendoza et en passant tout près de l'Aconcagua, le toit des Amériques. Je n'ai pas du tout envie de faire une route de montagne sous la pluie, ça m'angoisse, mieux vaut attendre demain.
Samedi 2 Février 2019, et que ça saute ! Une journée à l'abri de Philéas. Il fait presque froid, ça tombe bien c'est la Chandeleur, on se régale d'un dîner de crêpes préparées par Aloys et Gaspard.
Dimanche 3 Février 2019, demain nous serons à Valparaiso. 150 km pour atteindre la frontière puis 200 km pour le Pacifique. Le beau temps revenu nous prenons donc la superbe route vers le paso Cristo Redentor. Un embouteillage inattendu nous bloque une petite demi-heure, il s'agirait d'un camion en travers de la route. On redémarre enfin et quelques kilomètres plus loin on comprend mieux le problème. Un camion a été littéralement emporté par un torrent de boue et de pierres qui a traversé la route et l'a entrainé vers la rivière ! Heureusement le camion s'est retrouvé coincé par des rochers. On imagine la peur du chauffeur ... Cela a dû se produire dans la nuit quand il pleuvait tant. Un tracteur est venu déblayer la route. Quand on pense au nombre de voitures et camions qui passent par là ça fait frémir. C'est un grand axe qui relie Santiago, la capitale du Chili. Et quand je pense qu'on a failli passer hier ...
Juste avant la frontière, a 2700 m d'altitude, un curieux pont, le pont de l'Inca. On raconte qu'un roi Inca y serait venu de Cuzco au Pérou pour guérir son fils atteint d'une maladie inconnue. Une formation géologique incroyable enjambe le rio, dépôt d'une eau très riche en sédiments qui a cimenté la roche creusée par l'eau au fil du temps. Une station thermale et un hôtel de luxe furent construits en 1917 et tragiquement détruits par un éboulis en 1965. Les gens fortunés venaient se baigner dans les eaux soufrées à 35°.
Un peu plus loin, nouvel arrêt pour apercevoir l'Aconcagua. Il ne semble pas impressionnant malgré ses presque 7000 m. C'est que nous sommes déjà à 3500 m d'altitude. D'ailleurs en montant la toute petite pente qui mène au point de vue nous sommes essoufflés.
Le vent, lui, souffle sans problème !
La ruta 7 est vraiment magnifique à travers la Cordillère.
Elle suit les vestiges de l'ancien chemin de fer dont certaines parties étaient couvertes pour se protéger des avalanches ou des éboulis.
Il y a peu, pour passer entre les deux pays il fallait continuer à grimper par une route vertigineuse puis redescendre par des lacets encore plus serrés. En haut, une grande statue du Christ scelle l'amitié entre les deux pays, le Cristo Redentor. Mais un tunnel existe maintenant, un énorme ouvrage pour permettre le passage des camions. Nous choisissons le tunnel !
La descente reste raide pour atteindre le fond de la vallée mais la route est bien large, bien conçue. Il faudra tout remonter dans quelques jours, on repassera par là au retour pour poursuivre notre exploration de la Ruta 40.
A los Andes, petite ville chilienne, on s'arrête au Jumbo, supermarché bien mieux achalandé que ce que l'on peut trouver en Argentine. Nouveau plein de légumes et de fruits car à chaque passage de frontière chilienne il faut être à vide. On a l'habitude maintenant, on met juste le miel ( qui venait du Chili ! ) et deux ou trois légumes dans un sac poubelle propre qui n'est jamais contrôlé !
On trouve un coin tranquille pour la nuit en s'enfonçant dans la campagne environnante. Ici aussi il y a des vignes et des arbres fruitiers pour, semble-t-il, une production de fruits secs qui sèchent au soleil. Mais je n'ai plus le courage de prendre des photos. On dort tous bien après de telles journées.