Vendredi 25 Janvier 2019, elle file droit la ruta... A un moment on s'arrête pour faire la circulation.
A Chos Malal on bifurque. Envie de ripio ! Non, juste envie de chemins de traverse à savourer par beau temps.
A Andacollo la route s'arrête pour mieux repartir en ripio en s'enfonçant vers des pueblos de montagne, Las Ovejas, Varvarco, Colomichico. On a entendu parler d'un site de peintures préhistoriques, de formes géologiques insolites et d'eaux thermales sur fond de paysage volcanique.
On tente la maison du tourisme à las Ovejas pour avoir des infos. Mais nous n'en saurons pas plus, ici les secrets sont bien gardés, les infos touristiques consistent à donner une jolie carte de la région... sans infos. Ou d'aller directement in situ pour avoir des infos ! On garde donc nos points d'interrogation.
La piste est bonne, la piste est belle. Nous sommes à 1450 m d'altitude entre la Cordillère des Andes à gauche et la Cordillère du vent à droite. Et au milieu coule une rivière, le rio Neuquen.
A la recherche des Bolillos, une formation géologique perdue dans la montagne, nous nous égarons sur une piste. Demi-tour délicat, la piste est étroite mais un Philéas bien piloté passe presque partout. Il faut juste pousser une montagne de gros cailloux pour dégager un peu le passage et pouvoir faire une marche arrière ...
Samedi 26 Janvier 2019, un cheval henni. Il y aurait quelqu'un qui vit ici ? Hier soir nous nous sommes posés là, au milieu des chardons et des herbes sèches. Une petite rivière coule en contrebas. Nous nous sentons complètement isolés mais il y a des fermes d'estive disséminées dans la montagne. D'ailleurs je croise une antique voiture avec un antique monsieur un peu ahuri de voir un camping-car ici. Il m'indique la piste des Bolillos et me dit qu'on peut y accéder. Vamos.
Les voici donc ces fameux bolillos de Varvaco. Une drôle de formation géologique en pointe. Nous n'aurons pas plus d'explications. Mais l'ensemble est très beau dans le silence et la solitude. On apprécie. Point n'est toujours besoin de tout expliquer.
A une trentaine de kilomètres de piste de là on devrait tomber sur des eaux chaudes. On adore rouler tranquillement dans ces paysages sublimes. Une énorme faille noire apparait. Le volcan Domuyo n'est pas loin.A nouveau une voiture. Un gars du coin. Il ouvre de grands yeux, s'arrête et nous affirme qu'on ne pourra pas aller beaucoup plus loin, une histoire de virage en épingle impossible à gérer avec notre longueur. On commence par ignorer l'info, on en a vu d'autres et sous ses airs de mastodonte Philéas est super maniable. Puis on doute, et si on se retrouvait coincés au milieu de la piste? Et voilà comment à contrecœur on devient raisonnables ... Demi-tour pendant qu'il en est encore temps mais en marmonnant cent fois"je suis sûr qu'on serait passé". "On y retourne alors ?" "Heu, tu crois ?" "Non, pas de risques inutiles" et deux minutes plus tard le même dialogue ...
Lui au moins ne se pose pas ce genre de question.
Au pueblo de Varvaco il y a un mini office du tourisme. Une gentille dame nous donne plein de jolis prospectus mais quand on lui demande des informations sur le site préhistorique de Colomichico (à quelques kilomètres), elle nous explique qu'elle n'a pas d'explications à nous donner et qu'il faut aller au centre d'information sur place. Vamos.
10 km de piste pour trouver l'office du tourisme ! On rigole. Surtout en lisant la pancarte. Niveau de rando très élevée. Guide obligatoire. Durée 6h en moyenne. On cherche encore où trouver le guide ...
Tant pis, demi-tour. Nous commençons à en avoir l'habitude. Retour à Chos Malal, 120 bornes, pour un gros plein d'essence et vamos sur la 40.
Quel bel asphalte ! Un rêve pour les six roues de Philéas et nos oreilles.
Ah, on se disait aussi que c'était trop beau. Ripio, tôle ondulée, poussière et nuit qui tombe, la routine. Mais c'est beau quand même.
Dimanche 27 Janvier 2019, on a trouvé hier soir un petit coin sympa à l'écart du ripio. Petit déjeuner sous le soleil tapant, chacun se prépare mentalement à affronter les extravagances de la Ruta 40.
Elle traverse aujourd'hui des coulées de lave millénaires. La région est truffée de volcans. Plus de 80 cratères aux alentours. Et le rio Grande creuse son lit chaque jour un peu plus dans un décor grandiose. 25 km/h en vitesse de pointe, on a le temps de profiter du spectacle. On en oublie nids de poule, bruit infernal et poussière insidieuse. On se régale !
Premiers signes de civilisation moderne. Et la Ruta redevient bitume.
C'est avec un peu d'émotion que nous voyons ce panneau qui nous indique les 3000 premiers km de la 40 mais surtout la fin de la Patagonie. Des semaines que nous parcourrons ce territoire immense, fascinant et varié. Nous entrons maintenant dans la région de Mendoza, terres sèches mais irriguées pour la culture des vignes, des oliviers, des arbres fruitiers. Un autre monde.
Bon, à première vue le changement n'est pas spectaculaire, on retrouve les immenses étendues de végétation basse. Mais verte. Le ciel se charge, se fait orage. Une fraicheur bienvenue.
L'averse est intense, violente. L'eau s'accumule en quelques minutes sur la route, tout le monde s'arrête sur les bas-côtés pour laisser passer l'orage et repartir en toute sécurité. Nous sommes ravis, lavage gratuit et rapide de Philéas qui en avait salement besoin. On veut passer sous l'arc en ciel mais quand on s'en approche il s'éloigne !
On quitte la 40, on bifurque vers l'est pour aller au bord d'un lac artificiel. On a besoin de repos après toutes ces heures sur le ripio. On a bien choisi l'endroit une fois les quads, motos, footballeurs du dimanche rentrés chez eux ... Silence !