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Puerto Natales et le Torres del Paine

Vendredi 14 Décembre 2018, la route entre Punta Arenas et Puerto Natales est balayée par un vent violent. On comprend pourquoi les arrêts de bus en pleine pampa sont de vraies petites maisons avec portes et fenêtres. Nous arrivons en fin de journée dans ce petit port  et retrouvons Solène. Mais l'heure n'est pas vraiment à la rigolade. Gaspard, pensant trouver facilement des plaquettes de frein à Punta Arenas en repartant n'avait pas jugé bon de les commander. Mission impossible pour dénicher les bonnes et le voyant s'allume. Avant la fermeture des magasins un type lui propose de changer les garnitures mais il est trop tard pour les monter. On arrive donc à Pueto Natales avec la mission de s'occuper des freins demain alors que nous venons de passer dix jours dans un garage de Punta Arenas !!!

Samedi 15 Décembre 2018, nous voilà donc une fois de plus immobilisés ... et bien sûr il faut que ça dure toute la journée...

Alors on s'occupe. Aloys apprend à faire une compote de pommes ! Mais l'humeur n'est pas vraiment au beau fixe dans Philéas. J'enrage d'être encore coincée pour des histoires de mécanique qui auraient pu être réglées mille fois à Punta Arenas ...

Dimanche 16 Décembre 2018, nous partons plus au Nord, au parc national Torres del Paine, réputé être le plus beau du Chili.

Glacier, randonnées, lacs et surtout les Torres ces tours de granit qui émergent du paysage lorsque les nuages veulent bien les découvrir... Et aujourd'hui ce n'est pas le cas. La météo n'annonce pas que du bleu et il semblerait que le vent souffle fort.

On arrive en fin de journée à l'embarcadère du catamaran qui emmène les randonneurs de l'autre côté d'un lac, là où commence un chemin qui mène vers le glacier Grey. On nous a dit que l'on pouvait dormir ici, un des rares endroits "free" du parc. On s'installe face au lac un peu inquiets à cause des violentes rafales qui nous arrivent droit dessus. Mais un Suisse garé à côté nous rassure, il parait que le vent tombe le soir. Et nous passons la pire nuit depuis le début de cette aventure ! Un cauchemar ! Philéas est balloté dans tous les sens, on entend le vent arriver sur le lac et s'engouffrer partout, ça siffle, ça fait un bruit terrible, impossible de fermer l’œil, c'est angoissant. Vers quatre heures du matin un sifflement hyper aigu puis une rafale encore plus violente que les autres nous fait presque chavirer. On sent Philéas tanguer et se soulever dangereusement. Je hurle, Gaspard crie aussi et me demande de descendre. C'est la première fois que je l'entend avoir peur. Le cœur battant, on attend, la grosse rafale est passée, on essaye de se calmer. Gaspard se met au volant pour essayer de nous garer autrement. Philéas ne se serait probablement pas renversé, il est quand même très lourd mais on a eu vraiment chaud !

Lundi 17 Décembre 2018, c'est complètement crevés que nous prenons la piste du parc. On renonce à prendre le catamaran pour aller à pied jusqu'au glacier Grey, le vent est toujours aussi fort et il fait froid, mais on va quand même pouvoir le voir de loin. Sur le chemin la couleur des lacs est magnifique malgré le mauvais temps.

Un pont suspendu se balance dangereusement, on passe vite ! On arrive au milieu du lac Grey, sur une lagune de galets. Nous sommes parfois obligés de tenir fermement Aloys pour ne pas qu'il s'envole ! Une rafale l’envoie presque direct dans l'eau gelée, je le rattrape in extremis !

Au loin le glacier qui porte bien son nom aujourd'hui. Tout est gris sauf un iceberg bleuté esseulé.

Pendant quelques instants le ciel daigne se dévoiler. Le parc est splendide, alternant les bleus des lacs sous l’œil des Torres. La piste se balade sur une centaine de kilomètres. Nous nous rapprochons du massif des Torres et décidons de passer la nuit non loin de là.

On a juste la force d'admirer ce couple et ses adorables bébés avant de sombrer avant 21h dans un sommeil réparateur !

Mardi 18 Décembre 2018, montera ? montera pas ? On a tergiversé pour savoir si on tentait la grimpette de 20 km et 1000 m  de dénivelé mais franchement le temps est pourri, il pleut. Gaspard décide alors de partir seul, il marche vite. A 8h30 il s'engage sur le sentier qui part au mirador de las Torres, c'est lui qui prend les photos suivantes.

A 11h15 il est en haut ! Et il a de la chance, les nuages s'écartent un instant pour la photo même si une tour reste un peu cachée pour entretenir le mystère. Vers 14h30 on le voit revenir trempé, épuisé mais ravi !

On rencontre deux familles de français sur le parking. Un long papotage plus tard nous repartons vers Puerto Natales, à environ 1h30 de route. Demain nous ferons quelques courses avant de repasser la frontière côté Argentine.

Mercredi 19 Décembre 2018,  belles images de Puerto Natales que nous laissons derrière nous pour filer vers l'Argentine à une vingtaine de kilomètres, la frontière est à Villa Dorotea.

Chili et Argentine se partagent des sites exceptionnels, nous allons passer souvent d'un pays à l'autre en remontant le long de la Cordillère, humide côté Chili, sèche chez son voisin, ça varie, ça change, ça donne envie de tout voir, tout faire mais il va falloir choisir ... et donc renoncer !

Et nous retrouvons la rectitude et l'immensité de la Patagonie Argentine

puis bifurquons vers l'Ouest, vers le lago Argentino alimenté par l'immense champ de glace dont fait partie le Perito Moreno. Nous dépassons la touristique El Calafate pour aller nous poser au plus près de l'entrée du parc qui mène au glacier.

Seuls dans la pampa sans le moindre souffle de vent, ça s'appelle le bonheur.