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475 km avant la Terre de Feu

Dimanche 11 Novembre 2018, on quitte une piste pour une autre. On s'engage sur le joli chemin côtier qui domine la mer avant d'arriver à Puerto San Julian, autre petit port dans lequel Magellan a fait escale le 31 Mars 1520 et Darwin encore en 1834 lors de son tour du monde sur le HMS Beagle. On suit la route de la Nao Victoria et des quatre autres navires du célèbre Fernando. Nous ne sommes plus très loin du détroit qui porte son nom et que nous traverserons pour aller en Terre de Feu. Mais le temps magnifique du bord de mer nous retient encore un peu sur cette côte que nous longeons depuis des semaines. Sur le Camino Costero nous croisons un van chilien conduit par des français. On échange quelques mots, rendez-vous est pris en "ville" ce soir.

Nous sommes toujours surpris par la couleur de l'eau lorsque le calme règne sur cet océan Patagon. Turquoise trompeur, des dizaines de bateaux gisent par le fond, piégés par le vent soudain qui peut se déchainer à n'importe quel moment.

Gaspard et Aloys montent à bord de la réplique miniature du Nao Victoria qui trône sur le bord de mer de Puerto San Juan. Seul bateau de la flotte de Magellan à être rentré à bon port ( sans lui, il est mort aux Philippines) et premier navire à avoir fait un tour du monde. En 1522. Respect.

On termine la journée face à la mer où nous retrouvons les jeunes français, Héloïse et Martin pour un apéro tardif. Demain, asado à la plage, façon argentin.

Lundi 12 Novembre 2018, le temps est estivale, quelques courses pour l'asado, on a la plage et le barbecue, reste à trouver du bois, compliqué dans une région sans l'ombre d'un arbre.

Martin et Aloys partent à l'assaut des maigres buissons.

Le repas prend forme.

Martin prête à Aloys une canne à pêche.

Au bout de quelques heures,miracle, un poisson !

Mais non, c'est celui d'un pêcheur qui lui a gentiment prêté sa ligne le temps d'une photo ! En le voyant sortir son poisson Aloys a applaudi en hurlant "muy bien, muy bien" ce qui a bien fait rire les amies du monsieur.

Pêcher ici ça se mérite, il ne faut pas hésiter à s'enfoncer dans la vase ce qui ne dérange absolument pas notre pêcheur en herbe qui rentrera puant et gluant mais ravi de son après-midi à taquiner la patience !

Mercredi 14 Novembre 2018, Philéas reluit, nous lui avons offert une bonne douche dans une station service, il est reposé, prêt à avaler les derniers km avant la Terre de Feu dans une pampa toujours aussi plate.

Martin et Héloïse, partis la veille, nous envoient un message et nous parlent d'un endroit sympa pour les retrouver ce soir, au bord du rio Santa Cruz, un fleuve à la couleur laiteuse. Ils ont très envie de préparer un asado, ils ont trouvé un lieu bien abrité du vent.

Avant de bivouaquer nous poussons jusqu'à la mer, à Santa Cruz, pour y voir ... rien à voir. Du vent, un ciel gris et des épaves. Martin me l'avait bien dit ! On les trouve sur le parking finissant de déjeuner. Allez hop, demi-tour.

On refait 20 km pour retourner à Piedrabuena et nous installer tranquillement dans une clairière à l'abri du vent.

Et magie du voyage nous sommes finalement huit français à nous serrer autour des braises pour partager un asado et quelques bouteilles de Malbec pour nous réchauffer ! C'est ainsi que nous faisons la rencontre de Solène, Jennifer et Guillaume. Comme Héloïse et Martin ils ont acheté des vans au Chili qu'ils revendront à d'autres aventureux. Ils deviennent donc "le gang des chiliens" !

De gauche à droite ; Guillaume, Gaspard, Martin, Aloys, Jennifer, Solène et Héloïse (et Philéas plus blanc que blanc ) . Congelés mais heureux !

Jeudi 15 Novembre 2018, on quitte le campement après un rangement de la soute et un déjeuner rapide. Les vans sont partis courageusement affronter la route sous de violentes rafales. Notre étape ce soir, Rio Gallegos, dernière ville de la côte Patagonne avant la frontière avec le Chili.

On traverse un territoire plus humide qui fait le bonheur des oies sauvages.

La pampa reprend vite ses droits... mais je ne m'en lasse pas.

Rio Gallegos, ville industrielle en bord de mer, n'est pas inspirante. Nous y retrouvons le "gang des chiliens" au complet sur un parking. Nous tenons compagnie à Héloïse et Martin qui récupèrent un ami à l'aéroport à 1h du matin. La nuit sera courte, arrêt express dans un environnement peu propice à la rêverie. Demain frontière ou not frontière ? On a encore une petite chose à voir avant de quitter définitivement cette partie de la Patagonie qui nous porte et nous transporte depuis tant de jours.