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Premiers pas dans la Pampa

Ruta 3, 980 Km de Buenos Aires

Jeudi 11 Octobre 2018, Gaspard muni de ses 52 ans nous pouvons reprendre la Ruta 3 avant de bifurquer à Viedma en direction de la côte. Le long des falaises une immense colonie de perroquets s'est installée dans les cavités. Il y en a partout, bruyants, ils volent dans tous les sens. Ce sont des Conures de Patagonie (pour les amateurs !). Nous les observons un moment de la plage del Condor.

Bahia el Condor

Nous avons entendu parler d'une grande colonie d'otaries ( lions de mer ou Lobos comme on dit ici ) plus loin sur la Ruta Provinciale 1, la RP1, qui longe la côte. Les routes provinciales ne sont pas asphaltées, c'est donc parti pour les secousses à bord de Philéas, toutes écoutilles fermées pour éviter la poussière.

On se retrouve en haut des falaises, sur les plaines ou règne la pampa à l'infini. Arrivés à la loberia ( colonie ) une barrière en ferme l'accès pour cause de travaux en cours sur les sentiers qui s'effondrent. Dommage. La piste est bonne, la piste est belle, on décide de la poursuivre un peu et de trouver un endroit pour la nuit.

Une plage sauvage fera l'affaire, trois arbres plantés là comme pour nous servir d'abri contre le vent. Pas de voisins, pas une seule voiture. Tranquilles.

Bahia Creek

Vendredi 12 Octobre 2018, et toujours ce ciel bleu limpide pour nous accompagner sur la côte Patagonienne.

Ici comme dans toute l'Argentine la taille des estancias est impressionnante. Des km de clôtures ininterrompues. Seules de vieilles barrières indiquent les changement de propriétés. Les pistes qui les traversent semblent ne mener jamais nul part. 

Et c'est aussi vrai pour la RP1 qui débouche soudain sur quelques maisons et une dune de sable qui nous bouche la vue et la suite (elle est sensée nous mener à San Antonio Oeste 85 km plus loin) ! C'est Bahia Creek. On vient de faire 100 km de cahots et de poussière ce n'est pas un peu de sable qui nous fera renoncer ! Après renseignement auprès d'un habitant ( le seul semble-t-il ! ) intrigué par notre venue, on comprend que la piste continue bien mais qu'il y aura un passage compliqué car une bonne couche de sable la recouvre. En principe un tracteur travaille dessus, il pourrait nous aider en cas de problème. Parfait, on y va ! La piste grimpe et contourne la dune.

Et dans un décor surréaliste surgit un hôtel. Ouvert !

La piste longe une immense plage. Tout ce sable, ce bleu, cette lumière, magnifique.

Mais il faut se rendre à l'évidence, on ne passera pas ! Bien trop de sable sur les côtés et pas l'ombre d'un tracteur en vue. On renonce. Demi-tour ! Heureusement que nous avons de l'essence pour faire la route dans l'autre sens ... on avance !

Non Philéas, tu n'es pas un 4x4 !

Mais c'est tellement beau qu'on décide d'en profiter.

On trouve une place pour se garer.

Encore du boulot pour réussir des photos en jouant sur la perspective ... Les acteurs manquent de patience !

Il faut dire qu'un bébé otarie prend un bain de soleil sur la plage tandis que sa mère chasse plus loin. Si vous rêviez de voir une otarie de près, c'est le moment.

Un pique-nique plus tard il faut se résoudre à repartir à Viedma en coupant dans la pampa par une autre piste. Une centaine de km en marche arrière. 

Dernières photos de cet endroit particulier et un nouveau chauffeur pour nous conduire tout droit dans le bleu .

Et c'est ainsi que nous tournons le dos à Bahia Creek. En passant on trouve notre future maison de vacances. Un petit coup de peinture et hop, nickel. Il faudrait aussi revoir la plomberie, installer des panneaux solaires, un système de désalinisation et acheter un 4x4. On va réfléchir un peu ...

Voilà la piste dans la pampa ... droite ... De maigres rencontres viennent l'égayer un peu. Une vache nous salue à sa façon ... Et ce ñandou (ou choique ) assorti aux herbes folles ne sait plus où donner de la tête à notre passage.

Et de lignes en lignes nous finissons cette longue journée du côté de Las Grutas juste avant le rosé du soleil. On aura fait 300 km aujourd'hui, beaucoup de pistes, avec un camping-car, ça use. Bienvenue dans la pampa.

Las Grutas

Samedi 13 Octobre 2018, mais où sommes nous ? Ce n'est pas ça la Patagonie ! Un muret blanc noyé dans du bleu et ça fait illusion. Loin des criques de la Méditerranée les jolies plages de Patagonie déroulent leurs longues bandes de sable mais les petites villes côtières manquent complètement de charme, quadrillages tristes et constructions anarchiques, rues trouées quand elles sont bitumées, pas envie d'y flâner. On s'y arrête uniquement pour laisser du linge à la lavanderia et faire des courses. Une fois les corvées terminées on file à San Antonio de Este, là où la piste ensablée de la RP1 aurait dû nous conduire hier.

San Antonio Este

Playa de las Conchillas. Blancheur immaculée de millions de coquillages accumulés.

Plus loin une colonie d'otaries à fourrure se prélasse. Le vent s'est levé, on les laisse nager dans l'eau glacée pour retourner sur notre bivouac de la veille, abrité des rafales. Le vent patagonien n'est pas une légende et peut transformer en quelques minutes une belle journée d'été en belle journée d'hiver.