Mardi 21 Août 2018, un dernier regard vers la baie embrumée de Rio de Janeiro où nous avons atterri hier soir au retour de Manaus. Un nouveau décollage et deux heures plus tard nous survolons les vastes plaines cultivées de l'Uruguay. Petit pays méconnu de 3.5 millions d'habitants coincé entre les deux géants que sont le Brésil et l'Argentine. De lui nous ne connaissons que le nom de sa capitale, Montevideo. Une vraie découverte.
A la sortie de l'aéroport nous sommes surpris par le froid mordant ! Il est 20h, nous avons perdu de longues minutes à essayer de retirer des pesos Uruguayens aux différents distributeurs, en vain malgré nos Mastercard ou Visa ! Transactions impossibles. On commence à se demander comment rallier le centre ville mais heureusement le comptoir des taxis est ouvert et nous pouvons réserver et payer directement. Nos CB sont donc opérationnelles mais pas aux distributeurs ! On règlera ça demain, la fille du AirBnB nous attend depuis une bonne heure ... Le taxi perd le nord dans la Ciudad Vieja, on le guide dans la bonne rue grâce à notre application Maps ! Quatre étages sans ascenseur et on pose enfin nos valises, fourbus et transis de froid ! On allume le poêle à gaz un peu sonnés par ce brusque changement d'ambiance.
Le lendemain on sort pulls et manteaux pour découvrir le quartier sous un ciel très bleu mais vivifiant. Nous sommes à deux pas de la Plaza Independencia jouxtant celle de la Diversidad Sexual. Le ton est donné, l'Uruguay est un pays à part en Amérique du Sud. Sa devise "Libertad o Muerte" résume bien son état d'esprit ! Des odeurs suspectes dans les rues ... production, vente et consommation de cannabis sont légales mais uniquement pour les locaux !
L'attraction majeure de la ville est le Palacio Salvo, 95 mètres, édifié en 1928 il était alors le plus haut édifice d'Amérique du Sud. Pas de quoi sauter au plafond non plus ...
Les quelques rues du vieux quartier abritent de nombreuses banques et les restes de beaux édifices malheureusement laissés à l'abandon, nombre d'entre eux vides et tagués menacent de vaciller au premier gros coup de vent. Une petite zone piétonne est mieux préservée. On y trouve de bons petits restos aux recettes plutôt européennes. D'ailleurs les gens aiment bien entendre parler Français et nous abordent très gentiment ravis de pouvoir placer un "bonjour".
L'autre "attraction" de la vieille ville est l'ancien marché couvert, El Mercado del Puerto, de style Eiffel, reconverti en temple de la parilla, le barbecue culte ici. On s'installe dans l'un des nombreux restos, on choisi son morceau qui grille sur la braise entretenue savamment et on se régale plus ou moins ! Ils ont tendance à trop faire cuire la viande malgré nos demandes de "juguso", saignant.
Puis nous faisons comme tout bon Montevidéen, une promenade le long de la Rambla, cette avenue qui longe le Rio de la Plata sur une vingtaine de km. On ne s'aventurera pas aussi loin aujourd'hui !
Mardi 28 Août 2018, 25 ans ... de mariage ! Une parilla pour l'occasion arrosée d'une spécialité du coin, le Medio y Medio, un mélange de vin doux pétillant et de vin blanc sec. Et une promenade vers Pocitos, le quartier de la plage.
De notre appartement nous voyons le port mais le cargo transportant Philéas n'est pas encore arrivé. Il vogue du côté de Sao Paulo, on l'annonce pour le 1er Septembre, samedi.
Jeudi 30 Août 2018, on déménage pour un appartement un peu plus grand et plus confortable, toujours dans le même quartier car proche du port ce qui facilitera les démarches le jour J. La pluie et le vent s'invitent, il fait un froid de canard et on nous annonce que le Grande Africa, le cargo, n'arrivera finalement que lundi ! top ! Mais on garde le moral, l'appartement est sympa, bien équipé, il y a même un sèche-linge, le rêve du voyageur ! Il se trouve dans un vieil immeuble mais bien entretenu. Le large escalier commun débouche sur un patio agréable. Tout serait parfait sans le bruit des innombrables vieux bus qui passent par là plein gaz et pilent à grands coups de grincements de freins ...
Vendredi 31 Août 2018, énorme surprise pour Aloys qui ne l'attendait que demain. Un grand moment ! Il est bien arrivé notre aîné. Nous devions récupérer Philéas avec lui et filer vers les chutes d'Iguazu à la frontière avec le Brésil d'où il doit reprendre un avion le 12 Septembre. On lui annonce le retard du cargo. Pour l'instant on ne change pas nos plans et on profite de sa présence.
On lui fait découvrir les charmes de cette ville difficiles à percevoir au premier abord ... Il faut dire qu'il n'y a pas grand-chose à faire ni à visiter, on commence largement à tourner en rond au bout de dix jours. Mais on a pris nos marques dans le quartier. On s'habitue à voir ce camion de fruits et légumes, plus tout jeune mais toujours fière allure. On croise beaucoup de très vieux modèles de voitures ou camions dans les rues, des antiquités sur roues.
Antiquités aussi sur la plaza de la Constitucion
et on retrouve le Palacio Salvo
avant de s'engager dans la peu agréable Avenida 18 de Julio aussi grise que le ciel du jour... Elle est fermée à la circulation pour cause de course à pied sans grosse ambiance ! On déjeune rapidement d'une horrible pizza et on rentre en traînant la jambe.
On se rabat sur le parc Zabala pour une séance jeux qui défoule tout le monde avant de rentrer nous calfeutrer bien au chaud.
Motivés ce matin par un beau soleil on repasse par la plaza de Independencia où un immeuble bardé de climatisations fait face au Palacio Salvo ... puis on reprend l'avenida de 18 Julio et on marche 3 km dans la ville pour aller voir la feria de Tristan Narvaja, un célèbre marché. On croyait que c'était une brocante, c'est en fait un ramassis de tout, du nain de jardin au poisson rouge en passant par de vieilles fringues étalées entre un stand de patates et un autre de poireaux. Tout se passe sur le trottoir, la foule est dense, on joue des coudes en essayant de ne pas perdre Aloys et on s'extirpe rapidement de la cohue pour rejoindre la Rambla et faire encore 2 bons km avant de tomber sur un club de pêche et sa parilla sans prétention mais calme au bord de l'eau.
Mais que regardent les garçons au Parque Rodo ? Une chorégraphie improvisée, enfin un peu d'ambiance !
Et cinq kilomètres à pied pour rentrer !
Mardi 4 Septembre 2018, les jours passent et Philéas n'est toujours pas annoncé, on commence à trépigner sérieusement. Heureusement qu'il fait beau, le temps s'est radouci, c'est le printemps, on profite de la plage de Pocitos. Aloys ne décolle pas son frère, il est tellement heureux.
Petite sieste vautrés sur l'herbe, les vacances c'est épuisant.
Vendredi 7 Septembre 2018, aujourd'hui c'est mon anniversaire ! Comme cadeau vais-je avoir droit à Philéas ?! On nous fait mariner depuis une semaine. Nous sommes un peu à cran. La nuit dernière nous nous sommes tous réveillés sans nous concerter pour suivre le Grande Africa sur internet. Cela faisait plusieurs jours qu'il était juste en face, à Buenos Aires. Et hier, enfin, il a bougé et semble avoir accosté à 17h ! Je vais au marché pendant que Gaspard part aux nouvelles chez le transitaire. Il me rejoint pour m'annoncer que le cargo a bien déchargé sa marchandise et qu'on devrait pouvoir récupérer Philéas dans l'après-midi. Mais nous sommes Vendredi donc rien n'est moins sûr ! Pendant que je fait le plein de légumes une jeune fille nous aborde en français. Elle est Française donc, étudiante au Brésil, en vacances pour quelques jours elle nous demande les choses à voir et à faire à Montevideo; on l'invite à déjeuner avec nous. Elle s'appelle Carla, étudiante à l'INSA comme notre second et notre troisième ! Sa présence nous permet d'oublier un peu le stress. Gaspard écourte son repas pour filer récupérer le sésame qui lui permettra de commencer les formalités à la douane pour sortir enfin Philéas.
On l'attend à l'appartement. Les heures passent. De temps en temps il m'envoie un message pour me dire que tout se passe bien. Mais on ne le voit toujours pas arriver. La nuit tombe, le stress monte, on a peur que la douane ferme et qu'il ne se passe plus rien jusqu'à lundi. Et enfin, la bonne nouvelle tombe, un SMS pour me dire de descendre les valises, il vient garer Philéas, en pleine forme, devant l'appart ! Quel soulagement ! Il est 19h lorsque nous retrouvons notre Philéas, beau comme un camion ! Le temps de charger les valises à bord, de remercier la propriétaire d'avoir patienté pour la remise des clés et nous voilà partis vers le phare de Punta Carretas pour notre première nuit à bord. Il nous faudra quelques heures pour vider les valises, fixer le porte-vélo, faire les lits et nous coucher, épuisés mais vraiment soulagés d'avoir franchi avec succès cette étape réputée difficile de l'importation d'un véhicule dans un port étranger.
Samedi 8 Septembre 2018, nous faisons la connaissance de nos voisins de palier fraîchement débarqués eux aussi, Fred, Ludi, leurs trois enfants et leur gros camion, un échange trop bref le temps d'un remplissage d'eau. Nous devons absolument partir, nous avons changé nos plans, nous allons à Buenos Aires, Enguerrand y prendra un avion mardi matin pour Iguazu afin de pouvoir visiter les célèbres chutes et repartir mercredi pour Paris via Sao Paulo.
Premiers tours de roues, Enguerrand découvre les joies de la vie à bord. Nous sommes vraiment heureux et retrouvons facilement nos marques. Nous avons passé 17 jours à Montevideo alors nous sommes bien contents de filer enfin vers Colonia del Sacramento, sur les bords du rio de la Plata.