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Manaus

Mercredi 15 Août 2018, c'est en pleine nuit que nous avons atterri dans cette ville perdue au milieu du poumon vert de la planète, Manaus. Son nom évoque l'époque coloniale et fastueuse de la découverte du latex et sa transformation en caoutchouc à la fin du XIX ème siècle. La ville devient rapidement le fief de portugais richissimes qui se font construire des demeures fastueuses avec eau courante, électricité et même un réseau téléphonique. Le théâtre Amazonas s'élève fièrement au milieu de la ville depuis 1896, vestige de cette démesure qui ne durera qu'une trentaine d'années. Tout s"écroule le jour où un anglais repart d'Amazonie les poches pleines de graines d'Hévéa et réussit à les faire pousser en Malaisie. Moins loin, moins cher. Manaus décline alors rapidement. C'est grâce à l'instauration d'une zone franche qu'elle reprend son souffle depuis les années 50, de nombreuses industries s'installant sur les rives du Rio Negro.

C'est incroyable de voir une ville aussi grande en plein cœur de l'Amazonie. Certes le "Paris des Tropiques" a perdu de sa superbe mais sa situation géographique en fait un monde complètement à part, fascinant, entre jungle tropicale et airs d'opéra !

Place Sao Sebastiao, en face du théâtre dont le dôme scintille des couleurs du Brésil, la chaleur nous accable. Pourtant nous sommes à la meilleur saison, il ne pleut presque pas en Août, l'humidité a baissé, les températures sont plus supportables.

Nous nous réfugions dans les rues adjacentes qui descendent vers le port, pas franchement reluisantes. Le vieux Manaus porte bien son nom, la ville est assez délabrée.

De nombreux petits vendeurs essayent de gagner quelques reais en distribuant des bouteilles d'eau fraiche ou en décortiquant des noix du Brésil, délicieuses et bourrées d'oligo-éléments.

Une pirogue glissant sur les eaux limoneuses du fleuve amazone, au ras des yeux des caïmans, remplie d'indiens, d'arc et de flèches et entourée de piranhas aux dents acérés ... Un enfant rêve éveillé mais plus pour longtemps, le soleil implacable et le manque de sommeil (nous nous sommes couchés à 3h du matin) auront raison de nous, nous partons nous réfugier sous la climatisation de notre chambre.

Jeudi 16 Août 2018, après une bonne nuit réparatrice mais un horrible petit déjeuner dans notre horrible hôtel (le Taj Mahal ! il porte bien mal son nom, tout est affreux et déprimant mais on doit faire des concessions ...) on part de bon matin pour éviter la chaleur. Tiens, un Carrefour installé dans une maison coloniale ! Mais il n'y a plus rien à voir, à l'intérieur ce n'est qu'un supermarché sommaire. Le vieux marché, lui, a conservé son style Eiffel.  Beaucoup de crevettes, de poissons et d’innombrables jus tirés des baies et fruits de la forêt amazonienne : tucuma, acaï, acerola, caja mais aussi maracuja (fruit de la passion), mangue ou goyave, délicieuses vitamines en bouteille.

Mais la vie de Manaus c'est surtout le port. L'activité tourne autour du poisson dont regorge l'Amazone. Des poissons énormes comme le Pirarucu qui peut peser jusqu'à 250 kg et le Tambaqui, le régal des gens d'ici. Sans oublier le Piranha ! C'est aussi là que l'on voit nos premiers bateaux en bois à étages, si typiques de la région, ceux qui sillonnent le fleuve comme des bus.

Toutes les cinq minutes on se regarde " tu te rends compte qu'on est en Amazonie " Mythique ! On a du mal à y croire. Il faut dire que la décision a été prise à la dernière minute. Nous cherchions un plan raisonnable pour embarquer sur l'un de ces bateaux en bois. Nous avions trouvé un billet d'avion pas cher à condition de prendre un aller/retour Rio-Manaus. Donc pas question d'embarquer sur les bateaux-bus qui descendent le fleuve jusqu'à Santarem ou Belem. De fil en aiguille, en lisant des articles nous tombons sur l'adresse d'une agence locale propriétaire d'un très beau bateau. On envoie un message mais on nous répond que tout est complet et que nous aurons du mal à trouver quoi que ce soit de raisonnable en cette saison à Manaus. Nous commençons à nous dire qu'il va falloir renoncer lorsque Cécile, de l'agence AmazonEcoboat, nous renvoie un message en nous disant qu'un désistement vient d'avoir lieu sur un autre bateau, celui du Manati Lodge. On nous fait une super offre, un bateau pour nous trois avec guide francophone et cuisinière pendant trois jours ! Et voilà comment on se retrouve sur le port de Manaus deux jours plus tard ! Demain matin on embarque donc pour cette virée inespérée.

En attendant on refait nos valises, on quitte le Taj Mahal sans regrets ! on a trouvé un autre hôtel, même prix mais propre, moderne et confortable, on veut bien faire des concessions mais il y a quand même des limites !