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Rio, Centro et Santa Teresa

Mardi 24 Juillet 2018, il faut d'abord que je parle du fait notoire d'hier. En début de matinée, coup de fil sur mon portable, Felipe ! Un Felipe dans tous ses états, nous expliquant qu'il a eu un problème familial, que son téléphone n'avait plus de batterie, qu'il était navré, qu'il n'était surtout pas un escroc, qu'il nous faisait la visite gratuitement, bref, ses accents de sincérité nous ont semblé convaincants mais nous ne fixons pas de nouveau rendez-vous pour l'instant. Aloys est malade, il a un peu de fièvre et dormira toute la journée. On en profite pour organiser un peu la suite, avancer sur le blog. Mais nous sommes heureux de ce coup de fil que nous espérions sans y croire !

 

Aujourd'hui Aloys va beaucoup mieux, le temps est mitigé mais nous décidons d'aller faire un tour dans le quartier du Centro, le quartier d'affaire qu'il vaut mieux visiter en semaine quand il est animé car le soir et le week-end il n'y a plus personne. et à priori c'est dangereux.  A voir, la cathédrale en béton en forme de pyramide pré Colombienne ... On ne peut pas la louper ! 96 m censés représenter l'union entre l'ancien et le nouveau monde. On aime bien l'idée certes mais on a du mal à ne pas être rebutés par l'aspect sale et vieillissant de l'ensemble. A l'intérieur, un immense espace. Quatre vitraux partent du sol et forment une croix au sommet de la voûte. C'est à peu près tout. Avec du soleil ce doit être pas mal mais aujourd'hui disons que nous ne sommes pas subjugués ! Mais on ne déteste pas non plus ! Le clocher aussi est un concept à lui tout seul !  Elle peut recevoir 20 000 personnes, aujourd'hui c'est 20 000 selfies qui nous font fuir ! On abrège.

Notre guide nous dit aussi qu'il faut aller voir les arches de Lapa, juste derrière la cathédrale. Un ancien aqueduc du XVIII ème siècle qui apportait à Rio l'eau du Carioca. C'est maintenant la voie ferrée du dernier petit train électrique, le Bonde (prononcer Bondji) qui part du Centro et monte dans le quartier perché de Santa Teresa. On y va, on voit, voilà ... Il parait que c'est une attraction ...

A deux rues de là, un escalier est devenu célèbre lorsqu'un habitant du quartier a décidé de relooker ses 215 marches. Jorge Selaron a utilisé des carreaux venus du monde entier. L'escalier Selaron monte de Lapa vers Santa Teresa. Un terrain de jeux pour Aloys qui a vite retrouvé son énergie.

Nous repartons en direction de la cathédrale, c'est dans ce quartier que nous attend le tram eletrico, le dernier survivant d'un réseau de tramway ouvert en 1875 à Rio . La ligne ne fait que 6 km pour monter à Santa Teresa mais on aime bien le rythme de ces petits trams qui résistent dans le monde entier. Et les habitants du quartier ne diront pas le contraire, bien pratique pour remonter les côtes raides sans se fatiguer.

Le terminus est au cœur de Santa Teresa, un quartier un peu à part à Rio, un peu bohème, poétique, artistique avec des petites maisons colorées, des arbres, des rues pavées. C'est très calme, loin de l'agitation de la grande ville.

A peine arrivés nous poussons la porte du bar do Mineiro, j'ai entendu dire que sa feijoada est à tomber. Il est temps de goûter à ce plat national, servi traditionnellement le samedi. A base de différents morceaux de porc mijotés longuement et de haricots noirs, on peut comparer ça à un cassoulet. Servie avec du riz, de la farine de manioc grillée, du chou vert coupé très fin et des rondelles d'orange pour l'acidité c'est un régal ! Mais heureusement que nous n'avons pris qu'un plat pour trois, je n'ai jamais rien vu d'aussi copieux, les portions sont énormes !

Amateurs de telenovelas on dirait qu'il y en a une nouvelle en préparation ! Le pauvre acteur a couru une bonne dizaine de fois sous notre nez pour attraper un coffret en forme de pyramide. Que cache-t-il ??? J'ai bien peur de ne jamais avoir la réponse !

C'est à pied que nous redescendons vers le Centro, on a l'impression que rien ne craint ici mais je fais quand même très attention dès que je sors mon appareil photo que je range tout de suite après, plusieurs personnes m'ayant mise en garde.

Et de rues pentues en rues pentues nous finissons par arriver en haut de l'escalier Selaron, encore bondé de monde.

De retour à Botafogo où les gens du quartier s'installent pour la soirée. Les hommes ... parce que les femmes doivent être en train de regarder une telenovela en préparant la feijoada .... !

Le lendemain nous retournons en direction du Centro pour aller chercher des tickets de bus à la gare routière et pour essayer de trouver un réparateur d'appareil photo car j'ai un problème avec l'objectif qui s'est coincé et qu'on a dû débloquer en forçant. Je dois l'utiliser en manuel, ce n'est pas pratique. Le réparateur je l'ai trouvé et ça m'a valu un gros fou rire. Au fond du couloir du rez-de chaussée d'un immeuble miteux, une petite table rococo marron foncée bien cirée derrière laquelle se trouve un monsieur cravaté qui bloque le passage étroit vers l'ascenseur. Il nous demande la raison de notre visite, nos passeports, prend une photo de Gaspard puis nous laisse passer et appelle l'ascenseur. On s'attend à un ascenseur classe, rutilant vu le niveau de sécurité! mais lorsque la porte s'ouvre j'ai un hoquet: une chaise en plastique, un ventilateur de l'an II et un gros type transpirant, un groom ??? Il nous fait monter et heureusement que nous n'allons qu'au second étage car je suis prise d'un fou rire ... Nouvelle porte miteuse, un atelier en désordre, un type qui lève à peine les yeux lorsque je lui explique le problème et qui nous renvoie aussitôt en disant qu'il ne répare pas les Sony. Fin de l'entrevue avec cet éminent personnage, retour dans l'ascenseur avec le groom, re-fou rire assuré le temps de la descente et au revoir compassé du "garde". Mais qui se cache dans cet immeuble minable ?! 

Bref, pas de solution pour mon appareil. On tente un magasin que je trouve sur internet mais on se retrouve très vite dans le quartier bondé de Saara, on se croirait revenus au Maroc ! Des dizaines de petites boutiques qui vendent tout et n'importe quoi, du plastique essentiellement et mon magasin de photo qui est en fait un photomaton ...

En allant dans ce quartier on passe dans certains endroits innommables, sales de la misère humaine. Ceux qui sont dans la rue vivent comme des animaux et même pire, c'est répugnant, dur à voir et à sentir ...

Le Centro de Rio a un théâtre, de jolis restes coloniaux, des parcs mais tout semble en mauvais état, mal entretenu. Nous sommes peut être passés à côté de trésors cachés mais franchement nous n'avons pas eu envie d'approfondir aujourd'hui.

Nous partons vers Barra de Tijuca, un quartier moderne, à 20 km du centre. Il y a un grand centre commercial où l'on espère trouver un magasin d'appareil photo genre Fnac ou Darty. En vain ! Mais grâce à l'appareil photo nous évitons une grosse mésaventure : Gaspard voulait qu"on rappelle Felipe pour la visite de Rocinha aujourd'hui. Et on a bien fait de ne pas le faire, la favela de Rocinha a été complètement bouclée par l'armée ! Je nous imagine bien, coincés dans une favela entre deux tirs ... Allez, demain on part se mettre au vert.