Lundi 25 Juin 2018, nos doutes sur le pare-brise enfin écartés nous partons vers Nazaré, petite ville très célèbre chez les surfeurs car c'est ici que se forment des vagues gigantesques que quelques courageux osent affronter. Le dernier en date, un Brésilien, y a dompté une vague de plus de 24 mètres, la plus haute jamais surfée !
Sur le chemin mille plages nous font de l’œil et c'est à Foz que nous improvisons un pique-nique surtout pour faire cesser les cris de supplication d'Aloys ! La foule estivale n'est pas encore arrivée jusqu'ici, il y a de la place pour poser son parasol et pas grand-monde non plus dans l'eau qui chauffe peu !
Nazaré c'est une plage mais c'est aussi le vieux quartier sur les hauteurs, el Sitio, plus de 110 m au-dessus de la mer. De là-haut, sur la grande plage, s'agitent de minuscules personnages et des taches de couleurs que je m'amuse à observer un long moment. La vue est vertigineuse, l'eau a des couleurs de criques de Méditerranée.
Sur la place du Sitio Notre-Dame de Nazaré rend hommage à la Vierge de Nazareth. Du kiosque à musique sort des airs de fado et les boutiques exposent la spécialité du coin, les châles en laine pas très appropriés en cette saison mais certainement bien agréables lorsque se lèvent les tempêtes océaniques. D'ailleurs ici les femmes des pêcheurs portaient jusqu'à sept jupes et de longues chaussettes pour se protéger du froid en attendant sur la plage le retour des marins.
Au bord du précipice une ravissante chapelle résiste aux assauts du temps depuis 1182. Une légende raconte qu'elle fût bâtie par un chevalier sauvé in extremis d'une chute fatale au bord de la falaise un jour de chasse et de brouillard. Il invoqua la Vierge et son cheval s'arrêta brusquement tandis que le cerf pourchassé finissait dans l'océan. A cet endroit il décida d'ériger un sanctuaire et en creusant il tomba sur la statuette d'une Vierge cachée dans une cavité par un moine qui l'aurait rapportée de Palestine et oubliée là depuis le VIII ème siècle.
De l'autre côté, Praia da Norte, la fameuse plage des vagues géantes qui s'écrasent au pied du phare sur les rochers. Mais en ce moment c'est pétole sur l'océan, nada, pas l'ombre d'une vaguelette. On a du mal à imaginer les murs d'eau se formant ici en hiver. Et pourtant, un canyon de plus de cinq km de profondeur se cache sous l'eau tranquille et remonte brutalement au niveau des rochers. C'est comme ça que se forment les vagues, canalisées dans le canyon, elles grossissent, se cassent brutalement au pied des rochers et l'énergie dégagée forme un rouleau qui prend de la hauteur, un mur d'eau surfé par des "fous" !
C'est ici que nous posons Philéas pour la nuit. Un autre camping-car est déjà là. On voit arriver ses propriétaires, des savoyards dynamiques et très sympas, on commence à papoter, on sort tables et chaises, une bouteille de vinho verde, la vie est belle. Et j'oublie une fois de plus de sortir l'appareil-photo pour immortaliser ces rencontres furtives mais qui font toujours du bien, entendre les expériences des autres, nous conforter dans nos choix et tout simplement partager et nous sortir un peu de notre vie à trois.
On adore les réveils quasiment seuls dans la nature, au son des vagues. Mais il est difficile de mettre Aloys au boulot devant tant de tentations !
Si je m'écoutais je le laisserai courir et jouer en toute liberté, il y a tant de choses à apprendre en dehors des livres scolaires. Mais je ne suis pas prête à lâcher autant la bride et je pense qu'il a quand même besoin d'un cadre et d'un rythme pour canaliser sa grande énergie ! Il est bon élève, il retient vite, est curieux, adore lire. En revanche il estime qu'écrire est une perte de temps et le mettre devant une feuille relève de l'exploit ! Il faut réussir à capter son attention, mission impossible face à une étendue de sable blanc, un cheval qui passe sous ses yeux, un bouquet de fleurs à cueillir... Réussir à ne pas s'énerver car la tension peut vite monter et pourrir la journée ... Ce matin ça fonctionne à peu près, on arrive à bout des devoirs du jour, on peut rapidement déjeuner et repartir à l'intérieur des terres. On aimerait faire un petit crochet par Fatima .
