Lundi 16 Avril 2018, nous sommes dans un camping de l'autre côté de Ouarzazate, dans la palmeraie de Targmite, au vert, au calme. Pour une fois je laisse mon appareil photo , je n'immortalise pas Aloys qui part aux champs le soir de notre arrivée avec le propriétaire et ses enfants, les biquettes nos voisines, la soirée avec nos sympathiques voisins bretons, le petit garçon de quatre ans qui joue avec Aloys et qui voyage avec ses grand-parents, sa cousine de dix ans et sa petite soeur d'à peine deux ans, tous calés dans un Defender à toit relevable et équipé comme un couteau suisse, on admire l'énergie de ces gens d'un certain âge qui bourlinguent avec des petis, chapeau !
Je m'occupe de mille autres choses et la journée passe sans que nous ayons envie de bouger. Surtout que Ouarzazate n'est pas très attractive avec ses grands boulevards et ses magasins pour touristes. Après pas mal d'hésitations nous décidons quand même d'emmener Aloys voir les décors d'Astérix, il est grand amateur des livres et a vu le film il n'y a pas longtemps, ça l'amusera de reconnaitre les lieux du tournage.
Mardi 17 Avril 2018, je crois que c'est là ! Tu es sûr ?! On ne peut pas louper l'entrée ... On lâche illico le guide et le groupe russe bruyant et on prend la poudre d'escampette entre les décors vieillissants, pas ou peu entretenus. Aloys est ébahi de se retrouver dans les scènes du film, il reconnait bien les lieux en toc. Malgré notre intérêt mitigé ça nous amuse de l'entendre nous raconter la vie de Cléopâtre, nous parler de Jules César ( il nous dit tout le temps qu'il sera plus tard un général romain avec des centurions et des décurions sous ses ordres ) et nous refaire l'Histoire. Du coup on finit par se prendre au jeu.
On montre à Aloys l'envers du décor, grignoté petit à petit par le sable.
Au loin, dans le désert, Jérusalem construite pour le film Kingdom of Haeven ( pour les férus de ciné ).
Casbah de Taourirt
Mais Ouarzazate c'est aussi la casbah de Taourirt, des constructions en pisé de l'époque médiévale. On visite avec un jeune du quartier mais, comme d'habitude avec les guides, il nous emmène chez tous les marchands de tapis avec lesquels il est en business, c'est un peu pénible. Un petit musée, caverne d'Ali Baba, est installé dans l'ancienne synagogue du quartier juif. De nombreuses maisons tombent en ruines mais un programme de l'Unesco est en cours pour une restauration.
Oasis de Fint
A quelques kilomètres de Ouarzazate se cache une petite oasis, Fint. On ne la découvre qu'au dernier moment, tout au bout d'une longue piste, bien protégée au fond d'une vallée, Fint signifie d'ailleurs "caché". Avant d'entamer la descente vers l'oued, un jeune du village nous arrête et nous dit qu'il habite l'oasis. On lui propose de monter avec nous pour lui éviter une longue marche pour rentrer chez lui. Il s'appelle Saïd et nous invite à boire le thé chez ses parents. Sa mère file en cuisine dès notre arrivée, nous ne la verrons plus ... la place de la femme ... Nous passons un moment à discuter avec le père, un adorable monsieur qui nous parle de la vie dans l'oasis. Les habitants désertent les vieilles maisons en terre, les constructions en parpaings les remplacent, l'électricité arrive mais la vie aux champs reste la même. Nous le remercions pour son accueil et retournons vers Philéas garé plus loin. Un type nous saute dessus en nous réclamant de l'argent, soi disant gardien de notre véhicule. On rigole. Puis un enfant me tend un petit objet tressé en me disant "cadeau". Je ne suis pas dupe, je le remercie et prend l'objet. Immédiatement il me réclame de l'argent. Je lui rétorque qu'il m'a fait un cadeau. Et je lui dit qu'en échange je vais moi aussi lui en faire un. J'ai quelques lampes de poches , je lui en donne une et une autre à son copain. Évidemment c'est l'attroupement mais ce sont les hommes qui veulent prendre les lampes ! On fait demi-tour au bout du village, on a repéré un bivouac au bord de l'oued. On remercie Saïd mais il insiste lourdement pour remonter avec nous en nous expliquant qu'il va nous guider. Il n'y a qu'une route, on ne risque pas de se perdre mais d'autorité il ouvre la portière et s'installe. Un peu mal à l'aise on trouve un coin au bord de l'eau et une fois encore on remercie Saïd . Il finit par partir, on installe le camp et on met Aloys au boulot. Quelques minutes plus tard on voit arriver Saïd suivi de ses copains. L'un veut de l'alcool, l'autre un téléphone, l'autre des clopes, de l'argent, c'est incessant, pénible, lourd. On essaie de garder calme et sourire, je distribue quelques lampes pour essayer d'avoir la paix puis on replie table et chaises pour rester à l'intérieur du camion. Ils finissent par repartir ... pour mieux revenir ... toujours le Saïd avec un autre copain. Ils ne sont pas agressifs, juste insistants et collants. On ne cède pas, Saïd comprend qu'il n'obtiendra rien. On hésite à repartir car on ne se sent plus en confiance mais la nuit tombe. Finalement la nuit sera calme, juste un renard de passage au petit matin. Mais nous sommes mal à l'aise et levons le camp rapidement, dommage, l'endroit était magnifique ... Pour couronner le tout, après avoir fait la piste en sens inverse, Gaspard entend un drôle de bruit, un gros caillou s'est coincé entre les roues jumellées. Pendant qu'il répare je fais travailler Aloys, toutes les occasions sont bonnes pour avancer dans le boulot. Juste le temps d'une dictée et nous pouvons partir vers la vallée du Draa.