Vallée du Togha
Jeudi 12 Avril 2018, à mi-chemin de Ouarzazate, nuit dans la ville de Tineghir qui s'étire de part et d'autre de la palmeraie du Todgha qui ondule sur 12 km. Dans le lit de l'oued poussent du blé, des oliviers, des légumes alors que les pentes de la vallée sont rouges et arides.
Vendredi 13 Avril 2018, nous avons l'intention de nous enfoncer dans la vallée du Togha puis de rejoindre une autre vallée, celle du Dadès en passant par la petite ville d'Agoudal. Sur le "papier", Google Maps, ça parait simple. Une route fait une belle boucle dans le Haut Atlas. On a tout notre temps, on suit donc tranquillement le tracé magnifique qui suit le cours de l'oued puis s'enfonce dans la montagne.
Dans chaque oasis la vie quotidienne est rythmée par les travaux des champs. Chacun vaque à sa tâche, se déplace, jamais pressé, le temps n'a pas la même valeur.
Le vent s'engouffre dans cette grande vallée, soulevant la poussière, mais rien ne vient perturber la sérénité de ceux qui y cheminent.
De photos en photos nous arrivons à Agoudal, village perdu au fin fond de rien. Le GPS indique une route, là, à gauche. On cherche, on ne voit pas. Un groupe d'enfants assez agités nous encercle aussitôt, ils parlent quelques mots de français et nous disent que oui oui, pas de problème, il y a bien une route pour Boulmane Dades, oui oui le camping-car passe, pas de problème. Sceptiques on suit ceux qui ont un vélo et qui nous font signe, ils nous entraînent derrière le village où, en effet, une vague piste de terre débute, mal dessinée. On se regarde, on se dit que non, puis que oui peut-être, puis non finalement puis ... deux voitures arrivent, s'arrêtent et nous confirment que non ! Ils ont fait demi-tour avant de glisser dans la neige encore bien présente à cette altitude. Demi-tour pour nous aussi, on repart à Tineghir ! Mais avant ça on a failli coincer Philéas dans une ruelle, un enfant un peu optimiste nous guidant ! Là j'ai senti le plan sympa ... appel à un bulldozer pour nous sortir de ce guépier... mais d'un cheveu nous avons réussi à sortir sans défoncer la moindre maison. On a tremblé et filé d'Agoudal le cœur un peu battant !
On fait la route dans l'autre sens, encore plus belle dans la lumière de l'après-midi et c'est en fin de journée que nous arrêtons le moteur de Philéas dans un petit camping au bord du Togha, exténués par tous ces virages.
Samedi 14 Avril 2018, promenade matinale dans une partie de la palmeraie, entre oued paisible et casbah abandonnée. Le Togha n'est pas toujours ce joli ruisseau, il lui arrive parfois de s'emballer, déborder et causer de gros dégats. Aloys trouve le moyen de faire une partie de foot avec trois garçons qui passaient par là, il a besoin de ces rencontres, même furtives. Les enfants sont toujours sympas et partagent volontiers leur ballon avec lui. Au début il avait du mal à s'arrêter de jouer mais il apprend petit à petit à accepter que les échanges soient brefs, à profiter du moment présent, comme nous.
Les gorges du Dades
Nous quittons Tineghir pour la vallée suivante, le Dades, gorges étroites et profondes. Mais, mieux renseignés, nous savons qu'il faudra faire demi-tour sinon on se retrouverait au début de la piste qui mène à Agoudal ...
Dans le Dades se succèdent des villages mais malheureusement ils ont perdu leur charme, bétonnés, jamais terminés. Partis un peu tard nous passons la nuit au lieu dit "pattes de singes", une formation géologique qui ressemble à leur voute plantaire ...
La route en lacets serrés domine l'oued qui se faufile dans les gorges, bien caché.
A Boulmane Dades, une célèbre enseigne s'est installée !!!
La vallée des roses
Dimanche 15 Avril 2018, autre vallée, celle des roses, plus secrète. La rose de Damas se cultive ici mais ce n'est pas encore la bonne saison pour admirer les fleurs, elles commencent à s'épanouir fin avril.
Aujourd'hui le bout de la route sera Bou-Thrarar, un village de terre niché dans un canyon. On fait un peu sensation avec Philéas, impossible de trouver une petite place discrète. On le laisse dans "l'avenue principale" et on part visiter les quelques ruelles et saluer des habitants curieux mais timides.
Au détour d'une porte on tombe sur une auberge dont les terrasses dominent le village. L'accueil est adorable même si on a du mal à se comprendre. On nous sert une salade, quelques brochettes et une vue imprenable sur le ksar et sur les environs.
Séance culturelle dans les jardins, on parle grenouilles et crapauds et il faut avoir de bons yeux pour les débusquer. L'air est doux, il fait bon, il n'y a personne, mais où sont les habitants ? Au bord de la rivière. Ce doit être jour de lessive, les femmes frottent le linge à l'ancienne, consciencieusement. Elles n'aiment pas trop les photos, je reste donc discrète.
Un dernier salut à la cigogne qui quittera bientôt ksar et minaret pour les clochers alsaciens et nous quittons cette jolie vallée pleine de douceur et de tranquilité, ce soir nous dormons à Ouarzazate,