On repart !

Mardi 13 Mars 2018

C'est le re-départ, enfin ! déjà ?! C'est si étrange de se dire que c'est aujourd'hui. Cela fait six mois que nous sommes arrivés en France après avoir passé trois mois entre le Vanuatu, la Nouvelle-Zélande, l'Australie et Singapour. Envie d'un bain de famille, de prendre le temps aussi de nous pencher sur la façon de poursuivre le voyage commencé en quittant Nouméa. Des mois à essayer de mettre en forme la suite de notre grande aventure, à trouver une maison roulante et à l'apprivoiser, et finalement six mois c'est court pour préparer une telle aventure.

Ce matin on enfile les émotions comme des perles précieuses que l'on garde au chaud contre la peau sans trop les exposer ...

Adios belle Nîmes, nous partons l'esprit un peu en vrac, la peur un peu au ventre ... sommes nous vraiment prêts pour cette nouvelle étape ? Il nous faudra, je pense, quelques kilomètres pour réussir à laisser les doutes et les angoisses, apprécier l'instant présent et lâcher prise, rompre avec des habitudes bien ancrées, s'organiser dans ces mètres carrés qui sont maintenant "la maison" et prendre le temps de tout . Nous partons faire un 'tour de chauffe" sans avoir vraiment décidé du menu, un peu d'Espagne, beaucoup de Maroc saupoudré de Portugal pour voir si tout tient la route et nous avec ! Vraiment, c'est étrange et doux et fort, comme toutes les premières fois quand on ne sait pas .

Première étape à Bouzigues, la mer nous aide toujours à nous apaiser. On pose Philéas, on respire les embruns, ça y est, ce sont les vacances ! Un papier vient nous rappeler que les camping-cars ne sont pas toujours les bienvenus partout et on le comprend. Ce n'est pas une amende juste une information, le début d'un apprentissage ...

Cette première journée nous mène vers le domaine de Courbissac (dans le Minervois, entre Narbonne et Carcassonne) ou ma cousine Brunnhilde, aidée de son frère Ambroise, règne en jeune vigneronne. Courageuse, passionnée et volontaire elle redonne ses lettres de noblesse à un terroir quasi abandonné. Le coin est magnifique. Après la mer, le vin, voilà de quoi nous aider à franchir le cap du départ !

Finalement nous y resterons trois jours, une bien jolie pause après le stress et la fatigue des préparatifs. Le ventre de Philéas chargé de munitions nous partons vers l'Espagne toute proche.

Le gris du temps sur le château Cathare de Quéribus ... nous passons une nuit sur le parking désert à nous faire secouer comme des cocotiers par un vent déchainé . Nuit blanche, nuit d'angoisse à imaginer Philéas sur le flanc pendant que Gaspard et Aloys dormaient comme des bienheureux, eux !

En sinuant on arrive à Lagrasse, village médiéval, et l'on se dit que la France est si belle... L'abbaye Sainte Marie y est en activité depuis le règne de Charlemagne. Paysage minéral adouci par la lumière bientôt printanière. L'Orbieu coule paisiblement aujourd'hui mais on imagine les jours d'orages. La place du marché, vide maintenant, résonnait tout à l'heure des odeurs de pain frais, de miel de Buplèvre, de fromages de chèvre du pays, de terrines maison, de légumes bio... difficile de prendre des photos les bras chargés ...

A Tautavel c'est au musée de la préhistoire que l'on se nourrit . Pour Aloys, une bonne leçon. L'homme de Tautavel, 450 000 ans. On a retrouvé sa trace et les dents de lait de ses enfants (tellement émouvant !) dans la grotte de la Caune de l'Arago. Passionnant mais le musée mérite un coup de frais ! (ce qui est prévu dans les prochaines années).

Passage de frontière tout à fait symbolique (on apprécie, ce ne sera pas toujours aussi simple ensuite), Aloys est ravi de pouvoir balancer des "Hola qué tal" à chaque personne croisée ! Halte à L'Escala, petite ville hyper touristique au sud de Figueres mais encore bien calme en cette saison. Philéas grimpe sans sourciller au sommet de la ville pour un coucher de soleil flamboyant. Mais c'est en contre-bas, sur un petit parking tranquille en bord de plage que nous déboucherons notre première bouteille. OLE !

On contourne Barcelone, ce sera pour une autre fois. Comme on évite les autoroutes on n'avance pas beaucoup et en fin de journée il faut trouver un endroit où passer la nuit. Ce soir ce sera à l'Ampolla, au sud de Tarragone dans le delta de l'Ebre. En cette saison il est facile de se faufiler dans des endroits sympas et seuls. On sort pelle et bonnet pour une petite séance de plein air avant le dîner. Cette nuit encore le vent souffle en violentes rafales et je passe encore une sale nuit ! Pas facile la vie de baroudeur.